Une nouvelle amie

Synopsis

À la suite du décès de sa meilleure amie, Claire fait une profonde dépression, mais une découverte surprenante au sujet du mari de son amie va lui redonner goût à la vie.

Critiques

Thriller sentimental incroyablement bien mené par le duo Duris/Demoustier, "Une nouvelle amie" emploie le motif du travestissement pour aborder les thèmes de la différence et des préjugés.

DirectMatin

Bien des films de François Ozon reposent sur le triomphe de l'artifice, la prescience d'un monde enchanté où l'illusion règne, où la réalité s'autodétruit. Chez lui, les pères peuvent, soudain, se métamorphoser en rats dangereux (comme dans Sitcom, son premier long métrage). Les profs ternes se perdent brusquement dans l'imaginaire d'un élève pervers (Dans la maison). Et il arrive que les bébés naissent avec des ailes dans le dos, tels des anges dont personne ne sait trop quoi faire (Ricky). Avec lui, personne n'est sûr d'être ce qu'il est, et pas vraiment non plus ce qu'il aimerait paraître. Jamais, cependant, il n'avait misé avec autant de force et d'élégance sur l'ambiguïté. Cette part d'inquiétude qui, en chacun, sommeille. Cette part de rêve, aussi, qui, même ridicule et dérisoire, délivre et libère... Toute la mise en scène d'Une nouvelle amie revendique le trouble comme un art et une morale. Du moindre travelling sur un corps, le cinéaste fait un suspense: filme-t-il une fille ou un garçon ? Et lorsqu'on voit, dès les toutes premières secondes, un visage se faire noircir les cils, rougir les lèvres et rosir les joues, on ne devine pas immédiatement qu'il ne s'agit pas d'une adolescente en partance pour une fête, mais d'une jeune morte que l'on maquille dans son cercueil. Toute certitude est un leurre...

(..)Le cinéaste fait joliment joujou avec ces fausses pistes. Elles ne lui servent, en fait, qu'à magnifier, entre ses personnages, un « secret magnifique », pour reprendre le titre d'un mélo célèbre de Douglas Sirk. Ozon a toujours aimé ce cinéaste hors mode, hors temps qui, avec discrétion et lyrisme, ne filmait que des utopies minuscules. L'étrange famille que l'on voit s'éloigner à la fin d'Une nouvelle amie ne prône rien, n'attaque personne, ne défend pas grand-chose, sinon son droit à l'existence. D'un présent menaçant, où on la repousse, elle chemine vers un avenir où tout sera possible, peut-être. Trio fragile, friable et prophétique. 


Télérama / Par Pierre Murat




Comme dans Sitcom, Ozon fait intervenir un événement extérieur pour provoquer la mue de ses personnages. Ici c'est la mort prématurée qui va perturber l'équilibre d'électrons qui se croyaient libres bien que déjà promis à une vie réglée. Face au deuil il y a d'abord l'amie d'enfance :l'incandescente Anaïs Desmoutier. Il y a l'époux : Raphaël Personnaz dans un rôle qui lui va comme un gant et qui sera accessoirement le dindon de la farce. Il y a enfin le veuf : Romain Duris dont la palette de jeu surprend encore et toujours. Au-delà de la souffrance, il doit dorénavant gérer seul sa petite fille de quelques mois et va pour ce faire va adopter une attitude peu banale.


Une nouvelle amie peut se voir comme une très belle réponse à ces mouvements anti mariage pour tous qui font flores en nos contrées depuis quelque temps. Il y est en effet question d'attirance pour le même sexe et de l'épanouissement de soi via le reflet de l'autre (partenaire, ami, amant, mari...). Des thèmes déjà abordés dans le cinéma de Ozon mais jamais avec autant de liberté, d'aisance et de rondeur. Aux antipodes d'un Jeune & Jolie dont la raideur dogmatique finissait par lasser. L'empathie d'Ozon envers tout ses personnages est patente. Elle traverse sa mise en scène qui en devient sincère et malicieuse sans jamais tomber dans la candeur sirupeuse.


De cet équilibre quasi miraculeux sort un film raffiné et émouvant. On pense un peu aux mélos de Douglas Sirk qui faisait de l'acceptation de l'autre la thématique principale de sa filmographie. Ozon dont l'admiration pour Sirk n'est pas un secret, pousse simplement le curseur un peu plus loin en faisant tomber les préjugés sous nos yeux sans jamais se départir d'une délicatesse qui l'honore. Une nouvelle amie est ainsi fait qu'il n'est même pas un film sulfureux. Ozon n'a plus besoin de provoquer. Son cinéma en dévient bien plus mature, passionnant et autrement plus profond. Une nouvelle voie plus qu'excitante qui mérite d'être suivie de près.


Ecran Large / Par  Sandy Gillet

Adaptation

Une nouvelle amie est l’adaptation de la nouvelle : Une amie qui vous veut du bien de Ruth Rendell publiée en 1985. Elle remporta le prix Edgar-Allan-Poe de la meilleure nouvelle.

Récompense

Une nouvelle amie a reçu le prix Sebastiane lors du Festival de Saint-Sébastien 2014. Ce festival qui défend les valeurs de la communauté LGBT (Lesbienne, gay, bisexuelle et transsexuelle) a mis en avant l’intention du réalisateurFrançois Ozon de montrer que "tous les enfants ont le droit d’avoir leur famille reconnue avec le même respect, peu importe la composition de celle-ci".

Les grands travestis du cinéma vus par François Ozon

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