Histoire de Judas

Synopsis

Après une longue ascèse, Jésus rejoint les membres de sa communauté, soutenu par son disciple et intendant, Judas. Son enseignement sidère les foules et attire l'attention des résistants, des grands prêtres et de l'autorité romaine. Quand il chasse les marchands du Temple, Judas se révèle être le gardien des paroles du maître...

Critiques

Tout en ré-orientalisant le récit évangélique, Ameur-Zaïmeche lui donne une portée et un sens qui, échappant à tout contexte historique précis, le rendent pertinent pour notre temps.

Positif

Iconoclaste et hypnotique, le nouveau film de Rabah Ameur-Zaïmeche, cinéaste singulier dans le paysage franco-français, nécessite certes que l'on vienne à lui mais la récompense est grande : par la simple force de ses images, il parvient à générer un envoûtement total.

TF1News

Fait de cet alliage de sobriété et d’ampleur, "Histoire de Judas" continue d’explorer la grâce immanente et commune aux visages et aux roches.

Cahiers du Cinéma

Mais c’est surtout par la grâce d’une caméra baladeuse, qui semble glisser sur le monde comme une caresse suspendue, que « RAZ » donne chair aux idées autant qu’aux êtres qui peuplent ses images. A travers elle, il semble nous dire que toute révolution, si elle doit advenir, n’adviendra pas tant d’une situation objective que d’un regard épris de beauté.

Le Monde


Le cinéaste et acteur Rabah Ameur-Zaïmeche prête corps à une relecture du personnage biblique, dans un film sensible tourné dans le désert algérien.

«Un personnage comme Judas a une dimension tragique inouïe, et il mérite d’être réinventé, re-imaginé», dit Rabah Ameur-Zaïmeche, cinéaste de plus en plus important dans le paysage français, à la fois par son parcours de marginal assumé et son ambition thématique, formelle, dont il ne cesse d’affermir la remarquable plénitude. En 2012, lui qui est aussi acteur dans ses films endossait le rôle d’un hors-la-loi généreux, Louis Mandrin, figure de contrebandier prérévolutionnaire qui fut démembré en place publique en 1755 à l’âge de 30 ans. Interprétant aujourd’hui Judas, confiant le rôle de Jésus au jeune et beau cinéaste algérien Nabil Djedouani et recréant la Jérusalem biblique dans la région de Biskra, aux portes du Sahara algérien, en pays berbère, Rabah Ameur-Zaïmeche poursuit et amplifie un geste dont on peut aisément situer le double ancrage : dans le lointain de l’autobiographie puisque Mandrin et Jésus sont des souvenirs marquants d’illustrations et récits de ses livres d’écolier en primaire à la cité des Bosquets, en Seine-Saint-Denis, et dans la proximité des grandes mythologies structurantes qui, au prisme des conflits et débats religieux qui ne cessent d’envahir l’actualité, demeurent plus vives et blessantes que jamais pour cet intellectuel qui croise l’analyse marxiste et l’inspiration soufie.


Maxime. Disciple maudit, traître âpre au gain se damnant pour quelques pièces et vendant le messie aux Romains, Judas traverse l’histoire de la représentation chrétienne sous des oripeaux détestables que la hargne antisémite ne cessera de refabriquer au fil des siècles, depuis les mystères du Moyen Age jusqu’aux écrits de Léon Bloy. L’idée d’un compagnonnage utopique qui doit évidemment être anéanti par la mauvaise action duplice d’un seul, Rabah Ameur-Zaimeche non seulement n’y consent pas mais il n’y croit pas. Sa relecture des Evangiles se mêle alors à d’autres sources, modernes elles aussi (le Ponce Pilate de Roger Caillois, des extraits du Maître et Marguerite de Mikhaïl Boulgakov, les écrits d’Erri De Luca, etc.). Il s’agit de comprendre comment le message politique d’un prédicateur hors norme, dont la parole se propage dans les villages et les synagogues, parvient aux oreilles de l’envahisseur romain et comment, anticipant une révolte coalisée des nombreux mécontents de l’empire césarien, les gradés romains s’accordent sur une maxime de bonne politique : «une petite injustice vaut mieux qu’un grand désordre».


Le jeune homme est arrêté et, après un simulacre de procès où on prétend qu’il se déclare «roi des juifs» (ce qu’il nie), il est supplicié au côté de condamnés de droit commun. Judas, par une péripétie inventée l’éloignant du cœur même de l’action, rate les épisodes où il est censé jouer un rôle décisif. Cette absence permet au cinéaste de faire une saisissante ellipse sur la Passion elle-même. Le spectacle de la crucifixion est réduit ici aux splendides reliquats des croix désertées (et pas même sanglantes), et la dépouille du Christ s’est déjà relevée de son séjour mortel alors que Judas lui-même vient s’allonger, blessé au ventre, dans son caveau, et s’enroule dans le suaire en gémissant. Les deux personnages fusionnent par glissements et substitutions, et le film donne une matérialité neuve à l’idée même du «corps glorieux». Introduisant sans cesse par son comportement, ses grimaces, ses discours et sa folie un contrepoint bizarre aux accents de conviction du Nazaréen, le cinglé Carabas, qui serait une sorte de Jésus hilare, délirant et édenté, ne cesse de faire irruption dans la solennité du récit et en déplace sans cesse les enjeux. Pas une sage parole qui ne puisse être immédiatement reprise, singée, retournée en propos absurdes, pas une prétention à parler au nom des autres, à vouloir les affranchir, qui ne suggère d’emblée son double aliénant ou aliéné. Il n’y a plus de damnation, mais le prix des questions et des errements est d’autant plus lourd qu’il ne se paie pas de la monnaie expéditive du châtiment.


Cheminement. Chaque plan du film entend restituer la part sacrée du monde sensible que le cours normal de nos perceptions ne permet plus de saisir. Le cinéaste cherche non l’éblouissement - même si le travail accompli avec sa directrice de la photo, Irina Lubtchansky, est à tomber - mais un cheminement lumineux à travers les ruines de ses propres interrogations.

Libération / Par Didier PÉRON

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L'importance de Jésus dans la vie

Le réalisateur Rabah Ameur-Zaimeche s’est intéressé au personnage de Jésus dès sa plus jeune enfance : "Jésus a donc été un personnage important, qui m’a aidé à comprendre qui j’étais, qui je voulais être". Faire un film sur cette figure mythique était donc une évidence pour le cinéaste.

Jésus comme guide humaniste

Rabah Ameur-Zaimeche a voulu appuyer la dimension humaniste de Jésus, un guide pour les siens qui évolue au sein de son peuple et leur apporte son aide. Le réalisateur le voit également comme un homme qui partage ses connaissances et se défie de la parole figée qui peut devenir un instrument de domination et de soumission.

Se réintéresser à la trahison de Judas

Histoire de Judas se réintéresse à la trahison de Judas envers Jésus et en donne une nouvelle interprétation : "[Jésus] ne se cachait pas, poursuivait son enseignement dans les synagogues et restait visible pour tout le monde, même les forces de répression. Il était facile pour les Romains de se saisir de lui sous prétexte de perturbation à l’ordre public", explique le réalisateur.

Construction de projet

Rabah Ameur-Zaïmeche a construit son projet en étudiant des livres, des tableaux et des témoignages de chercheurs. "La seule chose qu’on sait, c’est qu’on ne sait pas grand-chose de cette époque... Les intenses et minutieuses recherches sur ce moment crucial nous montrent que nous disposons de très peu de sources d’information sur la première communauté christique", déclare-t-il. Le cinéaste est néanmoins parvenu à construire son scénario grâce à l’aide de la littérature avec des livres comme Ponce Pilate de Roger Caillois et Le Maitre et Marguerite de Mikhaïl Boulgakov.

Lieux de tournage

Le film a été tourné en Algérie, dans la région de Biskra, là où commence le Sahara et dans les montagnes des Aurès, en pays berbère. "La population nous a reçus de façon exceptionnelle avec un sens de l’hospitalité unique, inouï. Ma famille est originaire du nord de cette région et elle m’a largement soutenu dans ce périple", s’enthousiasme le réalisateur.

Extrait

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