Vie sauvage

Synopsis

Paco décide de ne pas ramener ses fils de 6 et 7 ans à leur mère qui en avait obtenu la garde. Enfants puis adolescents, Okyesa et Tsali vont vivre cachés sous différentes identités. Greniers, mas, caravanes, ils vivent en communion avec la nature et leurs animaux. Traqués par la police, ils vivent le danger, la peur et le manque mais aussi la solidarité des amis rencontrés sur leur chemin, le bonheur de vivre hors système, nomades et libres. Une cavale de onze ans qui va forger leur identité.

Critiques

Ce film est un mélange d'énergie pure et de belle lumière.

LeParisien


Le film est d’une rare puissance et son titre, "Vie sauvage", traduit admirablement son contenu, aventure exaltante d’une vie hors système en harmonie avec la nature pour deux enfants, mais aussi violence et douleur insondables d’un arrachement irréparable.

Positif

En mars 2009, Xavier Fortin est condamné à deux ans de prison (dont vingt-deux mois avec sursis) pour avoir enlevé ses deux fils à leur mère, dont il vivait séparé, et mené en leur compagnie une cavale qui aura duré onze ans. Ce fait divers impressionnant inspire à Cédric Kahn Vie sauvage, son neuvième long-métrage de cinéma en un peu plus de vingt ans de carrière. Celui-ci tire, de nouveau, l’un des fils les plus identifiables d’une œuvre qui ne se laisse pas si facilement attraper : l’exclusion. Beaucoup de ses héros – de l’adolescent de Bar des rails(1991) au serial killer Roberto Succo (2001) – sont des outsiders. Beaucoup se mettent, plus ou moins délibérément, en marge de la société, faute de pouvoir y entrer, ou au contraire la quittent de plein gré.


Syndrome de l’autodidacte du cinéma que fut, que reste Cédric Kahn ? Qu’importe. Il y a dans ce motif du maquis social (sentiment qu’on retrouve chez le personnage qu’interprète Cédric Kahn comme acteur dans Tirez la langue, mademoiselle, d’Axelle Ropert) matière à interroger le lien de l’individu au groupe. Quelle violence effective subit-on pour être marginalisé ? Quelle part personnelle entre dans ce processus ? Qu’implique, et à quel prix d’amertume ou de stoïcisme, notre refus de vivre selon les règles ? Quel courage ou quelle complaisance le justifient ? Toutes ces questions hantent la fuite éperdue, entêtée, fière et misérable à la fois, de Vie sauvage.


exploit sidérant

Mathieu Kassovitz, qu’on n’attendait pas forcément ici, joue le père. On n’a pas besoin de préciser ce que ce choix recèle de finesse, eu égard à la situation problématique du réalisateur de La Haine dans la « famille » du cinéma français. Cheveux longs et catogan, regard noir perçant, qui-vive de bête traquée, rage du survivant en milieu hostile, il confère à son personnage une intensité qui irradie le film, et en regard de laquelle ses deux fils sont en devoir de se positionner.


Un prologue consacré à la séparation du couple situe l’origine de leur cavale : une femme en panique (Céline Sallette), la mère, se sauve d’un camp de fortune avec ses trois enfants pour se réfugier chez ses parents. Elle ne veut plus vivre la vie nomade et précaire adoptée par le couple depuis leur rencontre, elle ne la considère plus viable, ni pour elle ni pour ses enfants. La réaction du père est à la mesure de ce premier acte qui le prive brutalement de ses enfants : douloureuse, indignée, violente. La justice, comme souvent, donne raison à la mère. C’est plus qu’il n’en faut à Xavier Fortin, pour qui la loi ne dit pas le droit, pour qui la trahison n’est pas de son fait. Il enlève ses deux fils (âgés alors de 6 ans et 8 ans), avec leur consentement.

Onze années de vie clandestine suivent, passées dans la campagne française de boulots saisonniers en refuges temporaires, de communautés alternatives en retraites isolées. Un exploit sidérant, dès lors que la justice est durant tout ce temps à leurs trousses. C’est clairement cette robinsonnade furieuse, cette échappée ensauvagée, cette opiniâtreté cabrée à refuser le système qui intéressent Cédric Kahn.


histoire universelle

L’aventure du père et de ses deux fils, enfants exaltés puis adolescents rétifs, est à cet égard un poignant récit d’aventure, à la fois magique et désillusionné, grandiose et tragique, conradien en un mot. Des deux versions antagonistes qui s’offraient à lui – celle de la mère (Au nom de mes fils, de Catherine Martin, Calmann-Lévy, 2010) et celle du père et de ses fils (Hors système, de Xavier, Shahi Yena et Okwari Fortin, éd. Lattès, 2010) –, le cinéaste a choisi la seconde, pour ces raisons. Il n’en rend pas moins justice à la mère dans le prologue du film, en une scène de retrouvailles bouleversante.


Il faut encore se réjouir que l’adaptation d’un fait divers, usage devenu fréquent en cinéma comme en littérature, donne une œuvre aussi respectueuse des modèles dont elle s’inspire. C’est que sans doute, par-delà l’histoire particulière, Cédric Kahn nous raconte aussi, à l’évidence, une histoire universelle, qui est de tout temps et particulièrement du nôtre. C’est évidemment celle de l’utopie telle que la réalité ne cesse de la crucifier, jusque dans la personne des fils chargés d’en apporter la nouvelle au monde.


Le monde / Par Jacques Mandelbaum

 

Entretien avec Cédric Kahn

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