Imitation Game

Synopsis

L'histoire hors-norme d'Alan Turing, le mathématicien anglais qui aida à percer le code de l'outil de communication des Allemands durant la Seconde Guerre mondiale : la machine Enigma.

Critiques

A la fois thriller historique, biopic épique et drame intime, Imitation Game, façonné pour gagner des Oscars et séduire le grand public, n’en est pas moins un film intelligent et captivant.


Premier constat : Imitation Game est un film calibré pour la course aux Oscars. Hollywood aime les biopics, les vies douloureuses, les destins exceptionnels, d’autant plus quand l’intimité d’un homme se mêle à la grande Histoire. On pense à Harvey Milk, au Discours d’un roi, à Lincoln, qui ont tous trois valus une statuette à leur acteur principal.

Aucun doute, Benedict Cumberbatch a de très bonnes chances de leur succéder, d’autant plus que son interprétation d’un génie profondément solitaire et mal dans sa peau est vraiment étonnante, donnant à la narration sophistiquée d’Imitation Game de troublantes nuances d’humanité.

Morten Tyldum décide de nous présenter la vie d’Alan Turing, dont les travaux servirent de fondements à l’informatique, sous la forme d’un mystérieux casse-tête, avec la volonté d’imprégner son film de l’esprit de son héros. En tant que narrateur principal, celui-ci nous raconte son histoire comme une énigme, comme s’il essayait de partager avec nous sa passion pour la résolution de problèmes inextricables.

Le mystère au cœur de ce puzzle narratif, c’est celui d’un homme, de ses traumatismes, de ses angoisses et de ses rêves. On regrette que l’intrigue soit finalement beaucoup plus simple que prévu, en dépit d’une introduction enthousiasmante qui promettait de nous retourner le cerveau. L’histoire restera avant tout divertissante, accessible à tous.

Cependant, Morten Tyldum arrive à nous passionner pour la vie de Turing, donnant l’illusion deux heures durant d’une aventure grandiose et labyrinthique. C’est que le film est construit à la fois comme un thriller historique et comme une épopée héroïque. La musique solennelle et inquiétante d’Alexandre Desplat donne un peu plus encore le sentiment d’un récit crucial pour l’humanité. La bataille mathématique engagée par Turing est alors la source d’un suspense aussi insoutenable que celui d’une grande scène de guerre. On a le sentiment que le conflit le plus meurtrier du XXème siècle va se gagner là, dans les bureaux secrets de quelques surdoués marginaux. Les crises et les dilemmes ne manquent pas, le spectateur est captivé, jusqu’à cette formidable séquence où l’équipe de cryptographes reste bouche bée (et nous aussi) devant la fameuse machine de Turing, qui vient de s’arrêter.

Ce qui séduit pourtant le plus dans Imitation Game, c’est cette façon discrète de faire le portrait d’un homme ravagé par la solitude. C’est, derrière le courant électrisant des péripéties, la mélancolie qui traverse le film, la souffrance d’un homme différent, et dont le principal drame est de ne pas arriver à communiquer avec les autres, de ne pas arriver à les comprendre et à s’en faire comprendre. Imitation Game, c’est l’histoire d’un homme pour qui les intentions, les comportements et les mots des autres sont cryptés, et qui consacre sa vie à essayer de décrypter ce qui peut l’être.

Dépourvu de tact et d’hypocrisie, Turing, confronté à des gens qui disent quelque chose et pensent autre chose, est peu à peu devenu froid, distant, antipathique et arrogant. Au cœur du mystère Turing, son homosexualité, qu’il fallait absolument dissimuler, à une époque où celle-ci était considérée comme une maladie mentale. Un amour d’enfance. Une femme qu’il ne peut pas aimer. Et l’inhumaine injustice d’une castration chimique. Toutes ces facettes ne sont pas appuyées, elles font partie de l’énigme et le film préfère insister sur la richesse de la différence (la misogynie des années 40 est aussi évoquée) et sur la vanité des préjugés.

Ainsi, plutôt subtilement, et grâce à la performance remarquable de Benedict Cumberbatch, Imitation Game raconte le mal-être d’un homme qui ne voulait pas être seul, et qui essaya toute sa vie de déchiffrer les autres et d’imiter les mécanismes de l’intelligence humaine. Le jeu cruel et fascinant d’une existence. 


aVoir-aLire.com - Ted Hardy-Carnac

Le choix du titre

Le choix du titre provient d'un article écrit par Alan Turing lui-même, retrouvé par le scénariste Graham Moore où il y exposait sa méthode pour différencier les machines de l'être humain, et ainsi obtenir des résultats liés à l'intelligence artificielle. Le mathématicien cherchait à recréer une conversation humaine avec des machines. Il avait pour habitude de nommer cela le "jeu de l'imitation", d'où le titre Imitation Game.

Une machine exceptionnelle

Pour reconstituer la fameuse machine d'Alan Turing, la chef décoratrice Maria Djurkovic s'est rendue à Bletchley Park, afin de voir la vraie machine inventée par le mathématicien et repérer dans quels matériaux celle-ci a été conçue. La véritable "Bombe" comme elle est appelée est encastrée dans une boîte en bakélite, mais les décorateurs ont choisi de la laisser visible dans le film, pour que les spectateurs puissent admirer son fonctionnement. De plus, il fallait pouvoir reconstituer la machine rapidement et avec un budget réduit.

Extrait VOST

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