Jupiter: le destin de l'univers

Synopsis

Née sous un ciel étoilé, Jupiter Jones est promise à un destin hors du commun. Mais pour l'heure, elle gagne sa vie en nettoyant des toilettes. Lorsque Caine, ancien chasseur militaire conçu génétiquement, débarque sur Terre pour retrouver sa trace, la jeune femme commence à entrevoir le destin qui l'attend depuis toujours : grâce à son extraordinaire héritage génétique, elle pourrait bien bouleverser l'équilibre du cosmos...

Critiques

Après l'échec immérité de Cloud Atlas, on pouvait craindre que le nouveau projet prométhéen de Lana et Andy Wachowski, Jupiter Ascending, ne soit qu'un blockbuster de science-fiction parmi tant d'autres, calibré pour retrouver les faveurs du public et de l'industrie. Inquiétude malvenue, puisqu'il nous offre un séisme d'une ampleur inespérée.



Il faut moins d'une demie-heure à Jupiter Ascending pour enterrer corps et bien tout ce que Hollywood a produit depuis plusieurs années en matière de grand spectacle et de space opéra. Le temps d'une incroyable poursuite entre ciel, mer et terre survenant dès la première bobine, où Channing Tatum affronte une escadrille surarmée, le film nous laisse bouche bée. Et son pouvoir de sidération ne fera que croître durant les deux heures suivantes.

Le temps d'une épopée radicalement dénuée de temps morts, les Wachos nous transportent par leur ambition démesurée. Leur fresque spatiale est un défi au temps de cerveau disponible, tant l'œuvre fourmille de détails ahurissants, révèle de décors aux arcanes délirantes, absorbe le moindre neurone du spectateur par sa vivifiante richesse.


Profitant d'un scénario linéaire dont la construction s'échine à mener un récit extrêmement dense à un train absolument infernal, les réalisateurs amplifient encore l'impact du métrage en le saturant de concepts, qui justifieraient que des films entiers leur soient consacrés. Qu'il s'agisse d'une touchante scène où se glisse Terry Gilliam, de mano à mano puissants, de poursuites frénétiques qui feraient rougir même les petits gars de Pixar, ou de joutes spatiales aux dimensions jamais vues, on cherche en vain un faux pas, une faute de goût. Même l'improbable look de Tatum convainc et finit par apporter une belle touche de vulnérabilité à ce guerrier impénétrable.


Les personnages ne sont pas en reste. Simplissimes sur le papier, leur écriture jouit d'une cohérence et d'une logique implacable, chacun étant mû par une force le dépassant et l'amenant à transcender sa condition, dans le bien comme le mal. Les Wacho parviennent à rendre instantanément palpable les enjeux, la romance centrale du récit et le climax herculéen qui conclut cette apothéose filmique.

La magnifique gestion de l'espace et de son univers confèrent au film une virtuosité qui nous venge d'innombrables blockbusters produits à la chaîne avec un mépris souverain du public envisagé comme un troupeau d'oie à gaver. Jupiter Ascending porte le grand spectacle à un niveau stratosphérique, avec une ambition qu'on n'avait peut-être pas vue depuis... 1977.


Ecran Large - Simon Riaux - 04/02/2015




Après les expérimentations tous azimuts de Speed Racer et Cloud Atlas, le tandem de Matrix revient à une SF plus calibrée. Mais toujours jubilatoire.


Lecteurs de Marx, “The Wachowskis” (comme ils signent désormais officiellement leurs films) savent que les infrastructures économiques déterminent tout, à commencer par leur capacité à travailler comme ils l’entendent. Les douze dernières années, après la conclusion de leur trilogie Matrix en 2003, furent de ce point de vue (financier) une suite de déceptions, tandis que leurs films (Speed Racer et Cloud Atlas) affichaient une singularité et une plénitude artistique sans commune mesure.


Il y avait donc urgence pour eux à se refaire, à prouver au système qu’ils pouvaient encore lui fournir ce qu’il désire, pour mieux le pirater de l’intérieur. Sans présager du succès de (en VO) Jupiter Ascending (sa date de sortie repoussée en plein désert hivernal ne plaide hélas pas en sa faveur), la fratrie peut se targuer d’avoir réalisé un blockbuster tout à la fois classique et de haut vol, sans avoir rien renié de leur personnalité. Rien renié sauf peut-être une chose : la folie qui les guidait jusqu’ici, cette envie

de repousser les limites de leur art à chaque nouvelle œuvre.


Nul parti pris délirant ici : il s’agit “seulement” de raconter l’histoire, depuis la naissance, d’une reine intergalactique qui s’ignore (Mila Kunis), abandonnée sur la planète Terre tel Moïse en Egypte. Sa tête mise à pris par un autre héritier du trône, elle ne devra son salut qu’à l’intervention d’un mercenaire mi-homme, mi-loup (Channing Tatum), qui la mènera des skyscrapers de Chicago (la ville des réalisateurs) aux cités luxuriantes de Jupiter. Une vétille donc, à l’échelle des Wachowski.


Le film suit à la lettre le découpage du blockbuster en trois actes, avec ses myriades de scènes d’action numériques et son ésotérisme de synthèse. A cet exercice, qui pourrait menacer de lasser, les Wachowski restent heureusement les plus doués, enchaînant les acrobaties et les péripéties avec une précision sans faille, jouant merveilleusement avec l’idiosyncrasie des acteurs (le bad guy chuchotant Eddie Redmayne, beaucoup plus convaincant ici qu’en Stephen Hawking ; Mila et Channing, sublimes en Belle et Bête).


Au fond, Jupiter ressemble à s’y méprendre à la partie SF néo-Séoul de leur précédent opus, Cloud Atlas, dont il prolonge intelligemment le discours. Il y a toujours chez les Wachowski un dominant et un dominé, une classe en exploitant une autre “jusqu’à la moelle”. Il faut ici le prendre au sens très littéral : les humains n’y sont en effet rien d’autre qu’un patrimoine génétique sur pattes, un pur produit de consommation pour une race plus évoluée – du bétail, donc.


S’appuyant sur les théories antispécistes, les cinéastes invitent ainsi le spectateur à se mettre dans la peau de celui qu’on ne considère pas au-delà du goût de sa chair. Mais plutôt qu’à l’eschatologie marxiste à laquelle ils n’ont jamais cru – c’était le sens de Matrix Revolutions et de Cloud Atlas : on ne peut renverser le système, seulement tenter de mieux l’habiter –, ils se raccrochent aux idées de subversion, de piratage, de métissage. Plus queer que jamais.


Les Inrockuptibles - Jacky Goldberg - 03/02/2015

L'univers visuel du film

Les différents univers du film ont entièrement été imaginés par les Wachowski. Chacun possède ses propres caractéristiques en termes de structure et de style. Le producteur Grant Hill précise : "Une des premières choses que j’ai faites a été de rassembler une grande équipe dédiée au design. (…) Si on doit créer des univers entiers et tout inventer, il faut que ceux-ci aient leur propre logique ; il faut réfléchir à la façon dont les gens construisent, vivent, se déplacent, s’habillent". Un travail immense a donc été effectué en amont pour rendre chacun de ces univers crédible. 


Il est également important de noter que les Wachowski collaborent ici à nouveau avec le célèbre concepteur d’effets spéciaux John Gaeta, dont le travail sur la trilogie Matrix lui a valu un Oscar.

Le making of de "Jupiter"

Mila Kunis aime...

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