Bande de filles

Synopsis

Marieme vit ses 16 ans comme une succession d'interdits. La censure du quartier, la loi des garçons, l'impasse de l'école. Sa rencontre avec trois filles affranchies change tout. Elles dansent, elles se battent, elles parlent fort, elles rient de tout. Marieme devient Vic et entre dans la bande, pour vivre sa jeunesse.

Critiques

De la famille à la bande, de l’école à la rue, une jeune fille en quête d’émancipation dans un récit d’apprentissage fulgurant.

Les Inrockuptibles


Constamment juste et portée par de jeunes comédiennes débutantes sidérantes, cette oeuvre joyeuse et douloureuse, violente et douce, est une pure merveille.

Première




L'avis des critiques ciné Isabelle Regnier et Mathieu Macheret.

Le Monde





La réalisatrice suit le parcours houleux de quatre ados dans un film trépidant d’énergie et de rage

L’ouverture de Bande de filles est la symphonie d’un autre monde. Quelques balèzes rembourrés, cadrés en plein match de football américain. Il est vite évident que ces costauds s’empoignant sévère sont des filles. Il est assez visible que, pour la plupart, elles sont jeunes et noires. Vestiaires, douche, sortie du stade de foot et une fois tombé l’uniforme du sport, retour à une sorte de vie civile. Qui n’empêche par l’esprit d’équipe de durer, à l’œil (bousculade et bourrades) et surtout au son : une joyeuse cacophonie qui hésite entre la nichée de chiots à l’heure de la pâté et l’escadrille de mouettes (rieuses) fondant sur un banc d’anchois. C’est une bande en effet, mais surtout une bande-son. Qui peu à peu baisse en intensité, et finalement s’éteint par disparition progressive des choristes de la déconne au fur et à mesure qu’elles désertent le groupe pour rejoindre en silence et en solitaire les pénates de leur cité de banlieue où règnent, crépusculaires et inquiétantes, des silhouettes masculines.


Dalle. Un retour au réel qui a tout l’air, littéralement, d’un black-out. Cette façon de disloquer un groupe est aussi une façon de distinguer un personnage : la jeune Marieme dont le destin semble scellé ; lycéenne en échec, maman d’occase pour ses deux jeunes frangines, à porté de baffes d’un grand frère qui estime qu’une fille qui aurait le moindre désir est forcément une pute. Par une sorte de mouvement de houle, Marieme ainsi singularisée ne retrouvera des forces et une identité qu’en intégrant un nouveau réseau de filles : Adiatou, Fily et Lady, trois jeunes duchesses de banlieue, fortes en gueule et en sapes, pas manchotes dans la castagne, et les chorés sur la dalle de la Défense. Marieme n’existe plus, elle devient Vic, «comme Victory» dit-elle, bien qu’on pense à la Vic dela Boum dont elle serait aujourd’hui le sidérant avatar (et la réalisatrice, Céline Sciamma, n’a pas choisi ce surnom par hasard,lire l’interview pages précédentes). Quiconque a pris le métro à Paris dans les dernières 24 heures a forcément croisé de ces intrigantes Miladys du fou rire, de la tchatche et du style.


Le récit, nouveau coup de houle, sera celui d’un autre affranchissement : Vic gagne ses galons de fille mature, invente son féminisme, en exagérant tous les codes de la virilité (honneur, baston, etc.) - jusqu’à se vivre en «bonhomme», cheveux courts et seins bandés -, pour mieux subjuguer ces aliénations et surtout cesser d’en souffrir. La seule scène de cul explicite du film est exemplaire, tel un magnifique retournement où c’est Vic qui prend l’initiative avec Ismael, son jeune fiancé, histoire de mater ses jolies fesses avant de larguer son pucelage. Loin de l’anthropologie à deux balles et de la non moins exténuante sociologie made in banlieue, Bande de filles est une somptueuse variation lyrique qui, derrière la façade de son réalisme, ne craint pas l’art abstrait.


Projecteurs. Elle est où cette cité sans flics, ni musulmans, ni hip-hop ? Nulle part, c’est-à-dire au pays de la fiction, sur le terrain du ciné-roman, entre Outsiders de Coppola et un inédit de Jacques Demy, mais surtout dans la tête rêveuse de Céline Sciamma, dont les yeux sont comme des projecteurs en couleur qui caressent les corps célestes de ses quatre blacks stars, mesdemoiselles Karidja Touré, Assa Sylla, Lindsay Karamo, Mariétou Touré. Ce film trépidant d’énergie et trépignant de rage parfois se repose, reprend son souffle, fait le noir à l’écran. Et l’on peut alors se murmurer à soi-même des choses tendres, des secrets d’amour, beautiful like diamonds in the sky. Parole de Rihanna ! Trop le bonheur.


Libération / Par Gérard LEFORT

 

Rihanna au générique

Avoir les droits d’une chanson de Rihanna n’est pas chose facile. C’est pourtant un pari gagné pour Céline Sciamma. La réalisatrice de Bande de filles voulait absolument obtenir le titre Diamonds de la chanteuse de la Barbade : "C’est l’artiste que j’associe à cette jeunesse et à une époque. Mais avoir les droits a été difficile: il a fallu montrer la scène à Rihanna et ses équipes pour les obtenir". Pour le reste de la bande originale, elle est signée Para One, qui avait déjà travaillé avec Sciamma sur son premier film Naissance des pieuvres. 

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