Les merveilles

Synopsis

Dans un village en Ombrie, c’est la fin de l’été. Gelsomina vit avec ses parents et ses trois jeunes sœurs, dans une ferme délabrée où ils produisent du miel. Volontairement tenues à distance du monde par leur père, qui en prédit la fin proche et prône un rapport privilégié à la nature, les filles grandissent en marge. Pourtant, les règles strictes qui tiennent la famille ensemble vont être mises à mal par l’arrivée de Martin, un jeune délinquant accueilli dans le cadre d’un programme de réinsertion, et par le tournage du « Village des merveilles », un jeu télévisé qui envahit la région.

Critiques

Une fiction liquide et douce comme le miel [...]C'est sans doute cela, l'enjeu secret du film : "Les merveilles", ce seraient ces instants volés, de grâce et de beauté, pour celui qui réussit à être vigilant. 

Culturopoing.com


"Le Meraviglie" est ce genre de film qui, par sa délicatesse et son intelligence, purifie et dessille le regard du spectateur. Tout ici paraît à la fois très simple sur le plan de l'intrigue et profondément original, car lacunaire et suggestif, dans la manière de la raconter.

Le Monde


Même s’il s’avère inégal, le film révèle une singularité profonde dans sa manière de disposer des quelques jalons les plus saillants de sa trame pour embarquer son petit monde vers d’inattendus territoires.

Cahiers du Cinéma



«Les Merveilles», gosses de ruches

Présenté en sélection officielle à Cannes en mai, les Merveilles décrochait le grand prix du festival. Certains commentateurs s’étonnaient de voir le film, le deuxième de la réalisatrice Alice Rohrwacher, rentrer dans la cour des grands. Se voyant décerner l’accessit à la palme, celle-ci confirmait sa position d’outsider, de cinéaste arrivée là par un chemin de traverse.


La marge est justement le sujet des Merveilles. Les premières scènes nous plongent dans une nuit touffue où des hommes en vadrouille découvrent une maison, avant de continuer leur route. Le film reste là, attend le lever du jour, ne quittera jamais cette bâtisse pourrie située au cœur d’une campagne, une vraie, boueuse et paumée, l’Ombrie. Y vit une famille : un homme qui semble allemand, son épouse italienne (Alba Rohrwacher, sœur de la réalisatrice) et leurs quatre filles. Dans le pays des Merveilles, il n’y a pas d’Alice mais une Gelsomina (Maria Alexandra Lungu), 13 ans. Elle est l’aînée et la préférée du père, celle qui tient l’exploitation apicole qui les fait vivoter. Alice Rohrwacher cadre la gamine, le sérieux imposé à cette petite chef de famille qui n’a pas le droit à l’insouciance de l’adolescence, aux chansons sucrées et à la paresse. Sur son visage magnifique s’imprime l’angoisse permanente de ceux qui sont trop aimés, et donc mal aimés.


Gauchiste. La cellule vit dans la queue de la comète des rêves gauchistes du retour à la terre. Apparaissent des amis, souvenirs d’une lutte avortée. De l’extrémisme du mode de vie utopique ne subsiste que le décalage. «Vous êtes inadaptés, vous ignorez le monde réel», leur lance une éducatrice. La beauté des Merveilles se niche dans son caractère indétectable. Celui de cette famille qui parle allemand, français ou italien, qui ne fonctionne pas comme les autres. Gelsomina travaille, manipule les ruches, vit pour les autres mais par elle-même comme une «majesté des abeilles». Surtout, le film échappe à tout radar. Il ne ressemble en rien au cinéma italien actuel, ne s’inscrit pas dans un quelconque genre. Les Merveilles répond à ses propres tentatives documentaires par une poésie rude et à fleur de peau.


Fée. Cette maison rafistolée devient le décor de merveilleux moments de cinéma : la pluie tombe et le père installe ses filles sur les ruches et couvre le tout d’une bâche, des abeilles sortent de la bouche de Gelsomina, les parents adoptent un petit garçon à problèmes qui ne parle pas mais siffle. Par hasard, la famille se retrouve au cœur d’un tournage télé, orchestré par une fée (Monica Bellucci, sans doute l’une des stars européennes aux choix récents parmi les plus curieux et intéressants), qui les entraînera dans une télé-réalité onirique et sordide : ils devront vanter, façon «Nos régions ont du talent», leur miel pour remporter une valise de billets et un voyage.


Mais il leur faut savoir se «pitcher» face à la caméra, chose dont ils sont incapables. Là encore, le registre de la critique des médias à l’ancienne, de la nullité de la télé italienne, est vite esquivé pour mieux souligner la beauté de la marginalité. C’est une tribu de fiction, entourée d’un halo d’abeilles, qui accueille un paisible et superbe chameau dans son jardin, figée dans un état de nature. Des êtres si loin de tout (et de nous), d’un romantisme radical et disparu, dont Alice Rohrwacher nous fait les témoins.

Libération / Par Clément GHYS

Dossier de presse en téléchargement

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Genèse du projet

Alice Rohrwacher a voulu, avec Les Merveilles, dénoncer la perte d'identité des régions qui lui sont chères. Elle explique : "Lorsqu’on me demande d’où je viens, j’aimerais pouvoir répondre par une ville, comme Rome ou Milan, mais je dois situer ma région entre trois autres (l’Ombrie, le Latium et la Toscane), décrire une campagne où les identités régionales sont toutes détruites. (...) C’est ce qui m’a poussée à travailler sur Les Merveilles : raconter les difficultés rencontrées par la campagne ou ces petites villes qui se sont déguisées en endroits « purs », hors du temps…"

La musique du film

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