Incompresa

Synopsis

Aria, neuf ans, fait face à la séparation très violente de ses parents. Au milieu de leurs disputes, mise à l'écart par ses demi-soeurs, elle ne se sent pas aimée... Ballottée de l'un à l'autre, elle erre à travers la ville avec son sac à dos et son chat noir. Frôlant le désespoir, elle essaie de préserver son innocence.

Critiques

Voilà près de dix ans qu’on était sans nouvelles d’Asia Argento, et les nouvelles sont bonnes : "L’Incomprise" n’est toujours pas le film de la maturité. Asia Argento poursuit le même cinéma de ragazza punk : échevelé et bariolé, trash et sentimental, avec ses crises emo qui en font une grande sœur latine de Xavier Dolan.

Chaiers du Cinéma

Asia Argento prouve avec ce film ses talents de réalisatrice mais surtout de directrice d’acteurs, qu’elle a su magnifier par sa mise en scène sensible, originale et résolument détonante.

A-voire-a-lire

« L’Incomprise » : voyage au bout de l’enfer familial

Troisième long-métrage réalisé par Asia Argento, L’Incomprise (qui fut présenté dans la section Un certain regard du dernier Festival de Cannes) n’échappera pas au soupçon (comme ce fut le cas du premier,Scarlet Diva) de puiser une partie de son contenu dans l’autobiographie, même si la réalisatrice s’en défend dans le dossier de presse. Savoir pourtant si Gabriel Garko incarne un Dario Argento (père d’Asia) crédible et Charlotte Gainsbourg – une fois de plus étonnante – une Daria Nicolodi (mère d’Asia) plausible, pèse finalement de peu de poids face à la singularité du film.


Aria est une gamine de 9 ans, dont les parents sont des artistes célèbres. Le père est un acteur à succès, la mère une pianiste de renom. La vie familiale est une sorte d’enfer permanent, composé de théâtrales scènes de ménage au cours desquelles les deux géniteurs s’invectivent et se déchirent perpétuellement. Coincée entre ses deux demi-sœurs, Aria assiste à la spectaculaire séparation de ses parents, faisant face à l’hystérie d’un père maladivement superstitieux, et à l’errance amoureuse de sa mère qui multiplie les amants de passage et se débarrasse, dès qu’elle le peut, de sa gamine.


Cruelle cocasserie

Un tel argument pourrait donner matière à un mélodrame naturaliste quelconque, quoi que doré plutôt que misérabiliste. La référence au mélodrame est d’ailleurs consciemment énoncée lorsque l’on aperçoit, à la fin du film, sur un écran de télévision, un extrait de L’Incompris, splendide drame de l’enfance mal-aimée, réalisé par Luigi Comencini en 1967, dont le film d’Asia Argento semble proposer une version dérisoire et quasi burlesque. Car le récit de cette gamine surdouée, ballottée entre deux appartements romains, traînant son chat dans une petite cage, confrontée à la folie et à l’extravagance de son milieu, sujette aux tourments des enfants de son âge (elle est amoureuse d’un blondinet pratiquant la planche à roulettes et qui la dédaigne, elle est trahie par sa meilleure copine, etc.), devient le prétexte idéal à une manière de comédie dont l’excentricité est garantie par les caractères « plus grands que nature » et vaguement grotesques qui sont dépeints.



Idéalement incarné par une prodigieuse petite actrice (Giulia Salerno), le personnage principal est le témoin et l’objet de situations paradoxales et d’une cruelle cocasserie. La laideur reconstituée de l’esthétique vestimentaire et architecturale des années 1980 en rajoute dans la dimension insolite (cette époque paraît si loin aujourd’hui) de ce conte pour enfants à la fois touchant (toutes les scènes avec les gamins sont incroyablement justes) et légèrement dément.


La véritable force du film d’Asia Argento réside toutefois dans la façon dont elle parvient à construire, au cœur d’un projet qui pourrait n’être que banal ou inutilement narcissique, des moments uniques, inédits au cinéma. L’inventivité de la cinéaste est alors explosive.


Lorsqu’un punk rocker, que l’on pensait davantage imperméable à l’horreur d’un monde No Future, sanglote aux genoux de la mère d’Aria, dont il est l’amant, en la suppliant de ne pas le quitter, lorsque des enfants saccagent un appartement au son du Requiem, de Mozart, on a le sentiment d’assister à quelque chose de jamais vu, à une vision personnelle, intime et vivante à la fois. Un regard de cinéaste.


Le monde / Par  Jean-François Rauger

Une part autobiographique

Avec ce 4ème long métrage, la réalisatrice Asia Argento exorcise une enfance difficile, marquée par la séparation de ses parents. Mais au-delà de cette similitude scénaristique entre sa vie et celle du personnage d’Aria, la cinéaste insiste sur le fait que son film n’est pas autobiographique. Elle explique : "Qui dans son enfance n’a pas eu ce sentiment d’être incompris aux yeux des autres, à commencer par ses propres parents ? Je l’ai ressenti comme tout le monde. Certaines choses dans le film sont inspirées de mon vécu ou de ce que j’ai pu observer chez des amis. En cela, L’Incomprise est un film personnel mais en aucun cas thérapeutique."

Des enfants au casting

Pour son film, Asia Argento a fait appel à des enfants, pour la plupart non professionnels. Elle les a accueillis chez elle avant le début du tournage, pour qu’ils fassent connaissance, ce qui lui a permis également d’adapter le scénario à la singularité de ces enfants. Asia s'est sentie proche d'eux : "J’ai gardé une âme d’enfant. Travailler avec eux me permet de garder le contact avec cette part de moi-même", explique-t-elle.


Contrairement aux autres enfants présents dans le film, Giulia Salerno est actrice depuis l’âge de 5 ans, une expérience importante pour Asia Argento : "Au début du film, je me suis attardée sur son visage en gros plan. Il est très magnétique, profond, beaucoup d’émotions passent. Elle a par ailleurs une façon très musicale de se mouvoir dans l’espace. Elle pratique le violon. Pour la diriger, il me suffisait de battre la mesure à haute voix pour qu’elle trouve ses marques. Elle a le sens du rythme. Elle m’a fait entièrement confiance. Même si elle est actrice depuis l’âge de 5 ans, elle a gardé une part d’innocence dans son jeu. En regardant la cassette de ses essais pour le film, j’ai tout de suite senti une force énorme. Le choc a été immédiat. J’ai observé son comportement avec les autres enfants. Elle a une personnalité très forte. C’était parfois difficile sur le tournage, mais j’aime ça. Giulia est une vraie actrice."

L’Incomprise et L’Incompris font les 400 Coups

La réalisatrice fut très inspirée par L’Incompris de Luigi Comencini, qui l’avait beaucoup émue lorsqu’elle était petite et qui traite, comme L’Incomprise, d’une blessure enfantine. Mais dans le film d’Asia, une rupture plus nette est faite entre le monde des enfants et celui des adultes. La cinéaste s’est également inspirée des Quatre Cents Coups de François Truffaut, et particulièrement de cette image de petit garçon seul dans la rue, à partir de laquelle elle a développé l’histoire de son film. 

Retour dans les 80's

Asia Argento a choisi de situer l’action de L'Incomprise dans les années 1980, pour rendre la solitude du personnage d’Aria plus lisible. "Faire un film dans notre présent aurait rendu la solitude d’Aria difficile à exprimer. L’enfant a aujourd’hui des téléphones portables, des Playstations, des réseaux sociaux pour tromper sa solitude. Il peut s’enfermer dans sa chambre et communiquer avec l’extérieur. Il y a une sorte de lobotomisation des esprits. Dans les années 80, il fallait sortir pour voir les autres", explique la réalisatrice. Ce choix d’époque a également permis une esthétique particulière, colorée et presque fluo, qui reflète une image du passé, usée, "comme une mémoire qui s’efface peur à peu". 

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