Spartacus & Cassandra

Synopsis

Deux enfants roms sont recueillis par une jeune trapéziste dans un chapiteau à la périphérie de Paris. Un havre de paix fragile pour ce frère et sa soeur de 13 et 10 ans, déchirés entre le nouveau destin qui s'offre à eux, et leurs parents vivant dans la rue.

Critiques

Avec un tel sujet, on ose pas dire que l'image est belle, mais on le pense. Belle et sauvage.

Le Nouvel Observateur

 

« A 1 an, je marchais... A 3 ans, mon père était en prison... A 4 ans, je faisais la manche avec ma soeur... A 7 ans, je suis arrivé en France... » La voix de Spartacus ouvre ce documentaire comme le « il était une fois » d'un conte. Aujourd'hui, ce gamin rom a 14 ans. Avec sa soeur cadette, Cassandra, il a trouvé refuge dans un cirque de la banlieue de Paris, sous la protection de Camille qui s'est improvisée éducatrice parce qu'elle refuse qu'il n'y ait pas d'avenir pour ces deux gosses-là. Marcher sur un fil n'est pas qu'un numéro d'équilibriste sous un chapiteau : pour certains enfants, c'est l'histoire d'une vie.

Très vite, Spartacus et Cassandra se retrouvent face à un choix. Rester avec leurs parents : un père alcoolique qui ne rêve que de partir en caravane ailleurs, toujours ailleurs, et une mère un peu folle qui vend du muguet fané sur le trottoir. Ou accepter, comme le juge les y engage, leur placement dans une famille d'accueil. La loi du sang, même toxique, ou l'intégration et ses contraintes : aller à l'école, devenir sédentaires et sages...

De ce dilemme, le réalisateur fait un film de mouvements : caméra à l'épaule, il suit ses merveilleux petits héros dans leurs doutes, leurs colères et ces moments radieux où, en pleine nature, ils abandonnent leur incroyable maturité pour des gestes de l'enfance. Cassandra, petite princesse gitane aux ongles roses, veut voir la France comme un eldorado : dans le poème qu'elle a écrit et qu'elle récite (moment suspendu, bouleversant), une maison, soudain, devient l'inverse d'une cage. Spartacus, petit guerrier insoumis et jeune auteur de rap, hésite encore : a-t-il le droit d'être heureux quand ses parents, eux, restent condamnés à l'errance et usent du chantage affectif ? Le film, douloureux, lumineux, refuse la fatalité de ceux qui sont nés pour n'être chez eux nulle part. Et défend le droit de chaque enfant, même « du voyage », à planter un arbre qu'il pourra voir grandir.

Télérama— Guillemette Odicino

« Spartacus & Cassandra » : l'épopée« Spartacus & Cassandra » : l'épopée de deux jeunes Roms condamnés à la rue

 

Cela faisait trois ans que Ioanis Nuguet, jeune réalisateur de 31 ans passé par le théâtre et l’Indonésie, promenait sa caméra dans un campement rom quand, un beau soir, un petit bonhomme à la bouille ronde et au regard brûlant nommé Spartacus lâche un rap devant son objectif et, dans l’instant, le convainc de tourner un film sur lui. Le gamin et sa sœur Cassandra, respectivement 13 et 11 ans, traversent alors une situation impossible : hébergés dans un cirque sauvage bientôt démantelé en Seine-Saint-Denis, l’administration judiciaire les rattrape, leur enjoignant de choisir entre des parents qui vivent de mendicité dans la rue ou une famille d’accueil qui mettrait un toit sur leur tête et la stabilité dans leurs études. Le choix paraît tout indiqué ; pour les enfants, il ne l’est évidemment pas.

Si le mélange fiction-documentaire est devenu la tarte à la crème d’un certain cinéma d’auteur, Ioanis Nuguet, lui, filme sans se préoccuper des catégories, au plus près des êtres et de ce que leur réalité recèle de mythes en puissance. A commencer par les prénoms en titre des enfants, annonciateurs d’épopées, pour en arriver à cette nuée de proches qui les entourent : un père alcoolique, gros bébé immature et instable, sous les pleurnicheries duquel se cache une maîtrise ès manipulations et chantage affectif ; une mère pythie perchée entre ici et ailleurs, le visage taillé à la serpe et les yeux vert émeraude fichés dans une folie qui la rend absente à elle-même, jamais plus heureuse qu’à la cueillette du muguet ; enfin, Camille, une admirable jeune femme de 21 ans, d’une maturité bluffante, qui parle roumain, se bat pour faire vivre son cirque, prête main-forte aux enfants, leur sert de mère, de prof, de coach, de guide, d’amie. Des acteurs de haut vol, moins des personnes que des personnages déjà riches de mille fictions instinctives et qui scintillent dès qu’on les place devant une caméra. Celle-ci, d’ailleurs, semble d’une légèreté immatérielle, sachant admirablement se faire oublier.

Poème de l’enfance éclaté

Pris entre tous les feux, entre tous les discours, qu’ils soient d’intimidation ou d’apitoiement, Cassandra et Spartacus résistent, se tiennent droit et avancent comme ils peuvent, dans le rayonnement de leur jeunesse. Qu’ils soient des héros, c’est tout ce que le film essaie de nous dire. C’est peu, mais il ne faut pas oublier quel sinistre traité sociologique lesté de mauvaise conscience il aurait pu être. A la place, Nuguet entraîne sa caméra dans de subites embardées, reliant sans cesse ses personnages aux saillances du monde alentour, allant chercher tantôt un éclat de lumière, un bruissement de nature, une luisance du bitume, un recoin de chapiteau, comme pour saisir l’essence d’une liberté qui, malgré tout, traverse toute chose. Il en tire à l’arraché un poème de l’enfance éclaté et vivant, cassant les chronologies trop explicatives et les déterminismes indiscutables.

 

Mathieu Macheret - Le Monde - 10/02/2015

Le dossier de presse

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Le réalisateur et ses protagonistes

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