White Bird

Synopsis

Kat Connor a 17 ans lorsque sa mère disparaît sans laisser de trace. Alors qu'elle découvre au même moment sa sexualité, Kat semble à peine troublée par cette absence et ne paraît pas en vouloir à son père, un homme effacé. Mais peu à peu, ses nuits peuplées de rêves vont l'affecter profondément et l'amener à s'interroger sur elle-même et sur les raisons véritables de la disparition de sa mère...

Critiques

Le film est presque déceptif tant le récit ne révèle au fond, à l’issue de son enquête, rien qu’on ne soupçonnait déjà. Mais paradoxalement c’est aussi ce qui fait la beauté de "White Bird", qui regarde des personnages se débattre avec une vérité qui est pourtant là, sous leurs yeux.

Cahiers du Cinéma

Une oeuvre belle et tortueuse, qui n’est pas sans rappeler "Mysterious Skin" dans son intensité dramatique et son irrésistible décalage ouaté.

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Gregg Araki retrouve la mélancolie feutrée de "Mysterious Skin" pour explorer un autre trauma, moins percutant, mais tout aussi beau et envoûtant.

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“White Bird” offre une peinture impitoyable de la cellule familiale américaine dans les années 1980. Araki excelle dans le dévoilement du grotesque de la vie.

Les Fiches du Cinéma




Araki dissout Eros et Thanatos sous les volutes des néons du soap 80’s dans vrai/faux mélo à la Douglas Sirk.


Avec GONE GIRL et maintenant WHITE BIRD, ce mois-ci les femmes disparaissent sur grand écran. Véritable genre en soi, marqué par des œuvres aussi fortes que LAURA d’Otto Preminger ou le VERTIGO d’Hitchcock, les « films de disparition » sont des films « de l’après ». C’est-à-dire qu’ils s’intéressent moins à l’acte de disparaître qu’à la secousse sismique imperceptible et pourtant profonde que va déclencher cette absence. Comme l’inexplicable s’invite dans le quotidien, les choses se dérèglent, petit à petit, jusqu’au bouleversement total. Pas étonnant alors que le roi du désordre cinématographique Gregg Araki, fasciné depuis ses premières œuvres par le chaos, se soit emparé de ce genre par le roman éponyme de Laura Kasischke. La romancière américaine (déjà adaptée à l’occasion de SUSPICIOUS RIVER et LA VIE DEVANT SES YEUX) possède une écriture singulière, un ton à la fois extrêmement quotidien, simple, et en même temps nourri d’angoisses et de visions cauchemardesques. Cet état d’étrangeté permanent, cette indécision constante des sentiments et des choses, Gregg Araki en réussit une transposition quasi parfaite qui donne à ce WHITE BIRD une grâce mystérieuse. S’il délaisse pour un temps les provocations pop de ses précédents films, il trouve dans le parcours de Kat, adolescente renfermée qui s’ouvre à la sexualité et au désir après la disparition inexplicable de sa mère, un écrin parfait pour rejouer sous la forme d’un mélodrame toutes ses obsessions. Hanté par les fantômes du cinéma de Douglas Sirk ou de Fassbinder, WHITE BIRD se réfugie sous les néons des 80’s pour raconter un état transitoire. Face à ce couple de parents tout droit issu des années 50 (Eva Green, plus « hollywoodienne » que jamais, Christopher Meloni en sosie de Rock Hudson), Shailene Woodley semble courir après le futur pour s’échapper de l’ennui vorace. Sous le regard d’Araki, elle se révèle surtout une actrice d’une rare sensualité, à l’opposé de ses précédents rôles de midinettes. À chaque instant, le réalisateur semble vouloir figer ce monde indécis dans des vignettes vaporeuses quasi intemporelles. Reprenant à Kasischke sa structure de vrai/faux thriller mélodramatique, WHITE BIRD devient entre les mains expertes du réalisateur de MYSTERIOUS SKIN un soap opera sensuel et ouaté qui teinte toutes ses outrances scénaristiques et visuelles d’une étonnante mélancolie. Film sur l’avenir et les regrets, WHITE BIRD pourra décevoir ceux qui n’attendent d’Araki qu’un cinéma en colère. Dommage, la douceur et l’élégance de ce classicisme réinventé lui vont étrangement bien.

CinemaTeaser

Entretien avec Shailene Woodley

EXTRAIT

Des histoires pour le cinéma

Le film est inspiré d'un roman de Laura Kasischke. C'est la 3ème fois qu'un livre de l'auteure est adapté au cinéma, les deux premiers ayant donné lieu aux films La Vie devant ses yeux (2007) et Suspicious river (2001).

Gregg Araki a lu le livre de Laura Kasischke sur les conseils d’un ami producteur. Il raconte avoir été bouleversé par"l’aspect à la fois lyrique et poétique de sa langue" de l'ouvrage, et ajoute : "Laura Kasischke a une façon impressionniste d’appréhender le monde. C’est très cinématographique".

Travail d'adaptation

Gregg Araki a lui-même travaillé le scénario, laissant libre court à ses envies pour l’adaptation du livre. Il a tout d'abord transposé l’histoire initiale, qui se déroule dans l’Ohio, en Californie, dans une ville identique à celle où il a grandi. Il explique avoir eu "besoin de connaître intimement l’atmosphère d’un lieu pour pouvoir créer l’univers d’un film". 

Ensuite, il a choisi de déplacer l’histoire à la toute fin des années quatre-vingt, initialement dans la deuxième moitié de la décennie, parce qu'il a toujours eu une fascination pour cette période, d’un point de vue culturel mais surtout musical. 

Enfin, Gregg Araki a modifié quelques personnages, transformant les deux amies blanches de Kat en une Afro-américaine obèse et un jeune homme homosexuel. Deux images d’outsiders chères au metteur en scène, fasciné par ces personnages qui ne correspondent pas à la norme et qui "s’inventent un monde à eux".

Féministe

L’aspect féministe de l’histoire de White Bird a immédiatement attiré Gregg Araki : "La perspective féministe de l’œuvre de Laura a été prépondérante pour moi car la théorie féministe au cinéma a beaucoup influencé mon travail. Il s’agit du parcours d’une jeune fille qui apprend à vivre sa sexualité, qui affronte un drame intime. (…) Les préoccupations féminines m’ont toujours intéressé et c’est pour cela que je me suis intéressé au travail de Laura."

Flashback musical

Gregg Araki a choisi une bande son en accord avec la fin des années 1980, époque où se déroule l'histoire du film. On y retrouve notamment les groupes Joy Division, New Order, Cocteau, Twins et The Cure. Par ailleurs, le metteur en scène retrouve son compositeur fétiche Robin Guthrie qui avait travaillé sur Mysterious Skin et Kaboom.

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Cinéma Le Vagabond

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