Fury

Synopsis

Durant la Seconde Guerre Mondiale, une jeune recrue sans expérience rejoint un équipage de char d'assaut américain, cynique et las d'avoir survécu à trois années de combats. Tandis que la guerre approche sa fin, ils doivent continuer d'avancer en territoire ennemi, en plein coeur de l'Allemagne nazie.

Critiques

"(...) entre la sécheresse de "Full Metal Jacket" de Stanley Kubrick et la méditation spiritualiste de "La Ligne rouge" de Terrence Malick."Fury", film de guerre magistral, laisse une marque profonde et durable et ne rougit guère de ce prestigieux parrainage."


Christian Viviani - Positif



« Fury » : Brad Pitt, soldat sans trêve ni repos


LE MONDE | 21.10.2014 à 09h14 • Mis à jour le 21.10.2014 à 09h20 |

Par Thomas Sotinel


Il fait la guerre depuis à peine plus de deux ans, depuis que les Américains ont débarqué en Afrique du Nord. C’est assez de temps pour en avoir fait un être d’une autre espèce que le commun des mortels. Le sergent-chef Don Collier est devenu Wardaddy, papa de guerre, un sobriquet – affectueux – décerné par l’équipage de son char Sherman. Ce pourrait aussi être le nom par lequel on invoque la divinité des batailles.

Dès la première séquence de Fury, David Ayer, réalisateur et scénariste, joue de cette ambiguïté qui fait aller et venir ce film remarquable et troublant entre la mémoire historique et l’imaginaire mythologique. On ne décrira pas ici cette ouverture inspirée de contes allemands (il y a du brouillard, un cavalier) et des plus effrayants des récits oraux de la seconde guerre mondiale. Ce serait priver le spectateur d’un saisissement rare ces temps-ci au cinéma.

On est en Allemagne, en avril 1945. A voir le ciel gris, la boue qui recouvre les champs, on dirait que l’hiver n’est toujours pas fini. L’équipage du char d’assaut Fury vient de subir sa première perte. Jusqu’alors, les hommes de Wardaddy (Brad Pitt) ont été préservés, par le courage et la science militaire de leur supérieur – c’est l’avis de Gordo (Michael Pena) et Coon Ass (Jon Bernthal) –, par la grâce de Dieu, à en croire Boyd, dit Bible (Shia LaBeouf). Pour remplacer le tirailleur mort lors du dernier affrontement avec les Panzer, l’US Army a trouvé un adolescent au regard clair, Norman Ellison (Logan Lerman), qui croyait passer les derniers mois de la guerre à taper à la machine.

HORREUR

Le scénario compact suit les vingt-quatre heures que durera l’initiation d’Ellison, sous la gouverne de Wardaddy. Au premier combat, le jeune homme se dérobera ; son mentor le forcera à faire son métier de soldat, que le sous-officier résume à « tuer des Allemands », en l’obligeant à tirer dans le dos d’un soldat qui vient de se rendre ; l’équipage prend ensuite quelques heures de repos dans une ville qu’il vient de conquérir avant que sonne l’heure de l’affrontement final.

Il n’y a rien de réaliste dans ce concentré d’horreur et d’héroïsme. David Ayer, qui fut militaire (sous-marinier), est fasciné par les effets de la violence professionnelle sur la psyché humaine. Masculine plus précisément. Il se débarrasse sans trop d’élégance des deux seules figures féminines du film. Son premier long-métrage, Bad Times (2005), avait pour héros un ancien combattant des guerres d’Orient qui, pour se faire engager dans la police de Los Angeles, se comportait dans les rues de sa ville comme dans celles de Bagdad. Ayer ne fait guère de distinction entre le maintien de l’ordre en période de paix et les opérations militaires.

HÉROS

Avec sa mise en scène classique et élégante (les séquences de combat sont d’une clarté presque unique, la mise en espace des adversaires – les chars, en l’occurrence – sera probablement prise en exemple dans les écoles de cinéma), Fury veut exprimer l’essence même de ce paradoxe : ceux qui sont chargés de ramener l’ordre et la justice doivent être prêts à sacrifier leur vie, mais aussi leur conscience, leur intégrité.

Ainsi Ellison sera-t-il amené, aux premières heures du combat, à enfreindre le sixième commandement. Ayer, en démiurge parfois bienveillant l’en récompensera, pendant la séquence du repos des guerriers. C’est habile, tout comme il est habile d’avoir situé le film aux dernières heures de la guerre, au moment où les troupes alliées sont entrées en contact direct avec la terreur nazie, libérant les camps, faisant le tri entre les enfants recrutés de force pour la « guerre totale » et les derniers bataillons d’une Wehrmacht nazifiée. Wardaddy et ses hommes roulent dans un paysage de guerre de Trente Ans, où les cadavres des traîtres à la patrie – des adolescents qui ont refusé de combattre – pendent aux réverbères.

Pour mettre fin à cette horreur, il faut des êtres comme le sergent Collier et ses hommes. Cette proposition est d’autant plus difficile à refuser que Wardaddy a le physique puissant qui est aujourd’hui celui de Brad Pitt. Il fut un temps où on lui promettait l’avenir de Robert Redford. Il est devenu John Wayne. Massif, laconique, il trimballe on ne sait quel bagage culturel (il parle allemand et connaît la Bible sur le bout des doigts) et maîtrise l’art de la guerre mieux que Patton et Rommel réunis. C’est un héros au sens strict du terme. Dans son sillage, des garçons ordinaires sont devenus les instruments d’un dessein militaire qui sacrifie toutes les règles morales ou juridiques à son accomplissement. David Ayer n’a aucun doute quant à la nécessité de cette mutation, et son talent de metteur en scène en convaincrait presque le pacifiste le plus endurci.


 



Entretien: Brad Pitt sur France 2 , comédien et     citoyen du monde 

Un collègue ...complexe

Réputé pour ses caprices, Shia LaBeouf (qui joue un soldat membre de l'équipe de Wardaddy, Brad Pitt) a encore fait des siennes sur le tournage de Fury. L'acteur se serait en effet, arraché la dent, et aurait refusé de prendre des douches pour, explique-t-il, "se mettre dans les conditions du rôle". Une attitude, qui n'a pas manqué d'indisposer ses collègues acteurs.

L'équipe du film: préparation et contrastes

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