Le conte de la princesse Kaguya

Synopsis

Découverte dans une souche de bambou brillante, une petite fille élevée par un vieux coupeur de bambou et son épouse , devient une séduisante jeune femme. De la campagne lointaine jusqu'à la grande capitale, sa beauté - même cachée - suscite l'engouement auprès de tous ceux qui la rencontrent et fascine en particulier cinq nobles prétendants.

Adapté d’un conte populaire japonais "Le couper de bambou", un des textes fondateurs de la littérature japonaise.

 

Critiques et infos

Isao Takahata, l’autre maître du Studio Ghibli, livre à son tour en 2014 son ultime film

(DirectMatin.fr)

 

Après quatorze ans d’absence, le réalisateur du "Tombeau des lucioles" concrétise le projet le plus ambitieux du Studio Ghibli. Cinq milliards de yens (36 millions d’euros), huit ans de productions, la collaboration des meilleurs techniciens du Japon et la création d’un nouveau studio spécialement conçu pour l’occasion ont permis de façonner "Le conte de la princesse Kaguya".

 

Le long-métrage porte à l’écran "Le conte du coupeur de bambous", l’ouvrage populaire le plus ancien du Japon écrit au tournant du Xe siècle.

 

Bénéficiant de la technique du préenregistrement des voix avant la mise en dessin, l’animation du "Conte de la princesse Kaguya" dégage une fluidité hors du commun.

 

Génie du trait, Takahata livre un dessin animé à la beauté renversante, aux allures d’aquarelle, qui use de tons clairs et proche de l’épure. Enfin, cette fable pastorale et écologiste célèbre les joies d’une vie simple proche de la nature, et exhorte à savourer la vie malgré ses combats et ses inégalités.

"Le Conte de la princesse Kaguya" : une animation d'une délicatesse inouïe

Publié le 23/06/2014 à 12H13 sur http://culturebox.francetvinfo.fr/

 

Réalisateur et initiateur de l’équipe des studios Ghibli,Isao Takahata ("Le Tombeau des lucioles", "Mes voisins les Yamada"…) sort un nouveau chef-d’œuvre, en rupture avec les traditionnels mangas animés : une merveille."Le Conte de la princesse Kaguya", adapté d’un texte traditionnel japonais du Xe siècle – le plus ancien connu de l’archipel, aux réminiscences tibétaines -, s’avère très différent de la production nippone dans le domaine de l’animation. Son graphisme très épuré, dénué de l’abondante foule de détails "décoratifs", ses couleurs pastel d’une douceur envoûtante, produisent un enchantement inédit.

 

Charme, le mot est dit. L’on est d’emblée aspiré par ce magnifique récit dès les premières images montrant un coupeur de bambous dans des plans à la verte pâleur, où il découvre un petit être au cœur d’une de ses prises. L’autre titre du conte est "L’Histoire du coupeur de bambous", car le bûcheron y est tout autant concerné que la petite héroïne. Quand il la ramène à la maison, sa femme est tout aussi conquise, et le vieux couple l’adopte pour en faire une princesse, tant il émane d’elle de majesté. D’autres merveilles leur permettent de s’installer dans un vaste palais de la capitale. La beauté de l’infante attire alors les plus grands princes de la région : l'intrigue se complique…

 

Magnifique récit, sublimement mis en images, "Le Conte de la princesse Kaguya" se révèle un des plus beaux films d’animation des studios Ghibli. Sa facture tout en subtilité graphique et colorée, alliée à la profondeur de son propos, sur une durée de 2h14, ne se propose pas d’emblée à un public juvénile habitué à des spectacles plus tourmentés. Cela serait à tort, car l’attention est constante. Différentes histoires s’imbriquent les unes aux autres, renouvelant toujours l’attention. D’autant que l'esthétique tout en accord avec l’art japonais, en est la clé. A voir de toute urgence.

 

« Le Conte de la princesse Kaguya » : une héroïne venue des profondeurs de l'Histoire

LE MONDE | 24.06.2014

 

Grosse animation au studio Ghibli, temple du manga d'art de l'empire du Soleil-Levant. Tandis que sa figure de proue, le vétéran Hayao Miyazaki (73 ans), vient d'y faire ses adieux avec Le vent se lève, son compagnon Isao Takahata (non moins vénérable du haut de ses 78 printemps) revient inopinément sur le devant de la scène avec Le Conte de la princesse Kaguya, après quelques longues années d'éclipse (Mes voisins les Yamada date de 1999).

 

 

Ce francophile patenté, traducteur de Jacques Prévert dans la langue de Mishima, est un créateur passionnément éclectique, qui ne dessine pas lui-même, contrairement à Miyazaki, les histoires qu'il met en scène, courant ainsi de style en style et de genre en genre. Il transpose ici un classique de la littérature japonaise, Le Conte du coupeur de bambous, moult fois adapté à l'écran, sous forme de manga ou de films en prises de vue réelle.

 

Cette version de Takahata est néanmoins un coup de maître et doit lui être compté, avec Le Tombeau des lucioles (1998), bouleversant récit d'enfance sur fond de guerre mondiale, comme un de ses chefs-d'œuvre.

 

Tout dans "Le Conte de la princesse Kaguya" évoque la quintessence de l'estampe japonaise.

Ce qui nous mettra cette fois d'accord avec la promotion française des films produits par Ghibli, laquelle a pris la fâcheuse habitude de baptiser chaque film qui en sort « le nouveau chef-d'œuvre du studio Ghibli ». Rien de plus contre-productif que cet argument de la plus-value artistique transformé en mantra par les techniques du marketing.

 

SOBRIÉTÉ DÉLICATE DU DESSIN

 

Ce film mérite la formule. Il en a la beauté et l'esprit. La patine d'un conte venu des profondeurs de l'Histoire et de l'inconscient d'une nation, la sobriété délicate d'un dessin qui va à l'essentiel.

 

Aplats de couleur et manifestation du tracé, peinture des fugaces plaisirs terrestres opposés à l'idéal de la vie éternelle, beauté poignante de l'imperfection du dessin et du monde qu'il représente…

 

Tout ici évoque ce mélange paradoxal entre la précarité de toute chose et l'absolu du temps présent qui est la quintessence de l'estampe japonaise.

 

Si tel était l'intention de l'auteur, la forme choisie conviendrait idéalement au propos de la fable. Soit un modeste coupeur de bambous qui découvre dans la forêt l'une de ces plantes resplendissant d'une étrange lumière. A l'intérieur d'une feuille repose une fillette de quelques jours, ronde et rose, qui tient dans le creux de ses mains. Il la ramène à la maison et l'élève avec sa commère, eux qui n'ont jamais eu le bonheur d'avoir des enfants.

 

Il s'avère très rapidement que l'étrangeté de la trouvaille se justifie par la magie qui commande au développement de la fillette : quelques jours lui suffisent pour prendre autant d'années, et la lumière qui provient de certains bambous n'est autre que celle de l'or qui s'amasse à l'intérieur.

 

ESPRIT BOUDDHIQUE

 

Le vieux couple comprend alors qu'un cadeau lui a été offert par le destin. Arrachant la jeune fille attristée aux amis et aux promesses d'amour qui l'attendaient au village, le vieil homme entreprend d'établir la famille dans une somptueuse demeure de la capitale et engage Dame Sagami pour parfaire son éducation de princesse. Bientôt, selon une rumeur qui court plus vite que le vent, toute la ville ne parle plus que de sa beauté sans l'avoir seulement vue. Les plus grands seigneurs, exaltés, cherchent à forcer les portes du vieux coupeur de bambous pour tenter d'apercevoir son trésor vivant.

 

Dotés du prestige de leur nom et de leurs fonctions, cinq d'entre eux parviennent à se faire recevoir pour déposer leur demande officielle. On compte le jeune et beau prince Ishitzukuri, le ministre de la droite Abe, mielleux et rusé, le grand conseiller Otomo, rustre viril, le moyen conseiller Isonokami, ainsi que le prince Kuramushi.

 

Cachée derrière les voiles d'une tente, invisible à leurs yeux, Kaguya les écoute pérorer et leur impose à chacun le même défi : ramener par une quête périlleuse et incertaine un objet précieux impossible à obtenir en réalité, qui témoignerait de la valeur de leur amour.

 

Les cinq prétendants se lancent à corps perdu, tandis que la princesse, de plus en plus ennuyée par cette vie de cour, songe à partir au loin. Le retour grotesque des hommes, chargés de fausses promesses, et l'entrée dans le jeu de l'empereur en personne détermineront Kaguya à retourner dans la forêt pour y retrouver son amour de jeunesse.

 

Cet ultime moment de désappointement et de compassion amoureuse est pour le réalisateur celui de la plus grande virtuosité, qui allie la sensibilité d'un adieu à la révélation d'un ailleurs. Tandis que le spectateur comprend enfin d'où vient la mystérieuse Kaguya au moment précis où il la perd à jamais, une féérie sereine de dessin et de musique (lyrisme subtil de Joe Hisaishi) s'empare de son âme et le conduit en une sublime sarabande à l'acceptation de la finitude des choses. A commencer par celle du film, dont l'esprit bouddhique permettra aux familles de ressortir plus aimantes et plus unies qu'elles ne l'étaient en entrant dans la salle.

 

 

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