VIVA

de Paddy Breathnach

Synopsis

A Cuba, un jeune homme qui coiffe les perruques d'artistes travestis, rêve de chanter dans leur cabaret. Mais son père, qui sort de prison, a d'autres rêves pour lui...

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Critiques

Paddy Breathnach, réalisateur irlandais touche à tout qui ne nous a pas toujours laissé un bon souvenir (le slasher sous amphet Shrooms), revient avec un conte cubain, à forte valeur initiatique.

L’apprentissage de la vie d’un jeune homme, sans famille (ou presque), dont le revenu malingre repose sur des coiffures sur perruques, dans un cabaret de drag queens, situé dans la moiteur de La Havane, et, parfois, sur la prostitution, quand la faim fait rage, tel est le thème central de ce bel exemple d’adolescence courage jamais mièvre, comme on aime les voir au cinéma. En tant qu’individu autonome, sur lequel le monde aime se reposer, il doit faire montre de force et de détermination.

 

C’est en particulier vrai quand son paternel, alcoolique patenté et bourru violent, refait surface, après l’avoir abandonné à l’âge de 3 ans. Dès lors, fini l’exhibition dans le cabaret où, aux yeux de son père, ancien boxeur, les hommes démontrent leur faiblesse de sexe (le lien avec la féminité, le genre dit faible). Pourtant son fils, frêle, grand, dégingandé, gracieusement efféminé, a priori maillon faible dans une société transpirant la virilité et le machisme, semble y trouver sa voie, en empruntant celles (les voix, donc) des divas locales. 

La jeunesse pleine de rêve de paillettes dans une vie de marasme, où l’on évoque beaucoup les songes de l’ailleurs géographique (Miami, Barcelone), Jesus, lui, voyage au gré des hymnes à l’amour ibériques qui le gratifient d’une force essentielle pour son accomplissement personnel, qui passera impérativement par une acceptation de soi.

 

Dans une société malade, métaphore du corps vieillissant, devenue forteresse fissurée et gangrenée, où tout se monnaie, mais pas l’intégrité du jeune homme, figure compatissante, loin du jugement de l’autre, mais au bon sens salvateur pour sa destinée, le final un peu fleur bleue fait figure de happy-ending convenu. Mais il n’ôte rien au combat mené avant tout par le jeune comédien, au charisme fou, en homme comme en femme, au doux nom d’Hector Medina. Sa composition subtile et charismatique est l’intérêt principal de cette oeuvre, également chatoyante et exaltée dans sa réalisation.

Dégagé des clichés touristiques d’un expatrié ethnocentrique, Viva mérite effectivement bien des ferveurs.

 

avoir-alire

L'on n'attendait pas Paddy Breathnach troquer ses brumes irlandaises pour le soleil de La Havane. Il reste toutefois fidèle à sa fibre sociale, en situant "Viva" dans un quartier défavorisé, loin d'un Cuba de carte postale. Film sur la quête d'identité, "Viva" voit les retrouvailles entre Jesus (Hector Medina Valdès) , un jeune adulte, coiffeur à domicile et dans un cabaret de travestis, avec son père, Angel (Jorge Peruggoria), repris de justice de retour de prison. Viril, autoritaire, ce dernier n'accepte pas de voir son fils évoluer dans ce milieu interlope et encore moins sa vocation scènique. Entre eux deux : Mama (extraordinaire Luis Alberto Garcia), patron du cabaret et vedette du show.

 

Jesus va tout faire pour parvenir à ses fins, avec l'aide de Mama qui lui donne sa chance. La persévérance, l'obstination du jeune homme sont égales à celles de son père, aux conséquences catastrophiques. Jesus est seul a subvenir aux besoins du foyer, son père, veuf, en rupture de ban et alcoolique n'ayant que sa forte personnalité et son passé de boxeur à vendre. Succombant à la vindicte paternelle, Jesus devra renoncer à son cachet de showman et se prostituer, une condition bien pire à celle que lui interdit son père. Mais Mama veille.

 

Naturalisme poétique

 

"Viva", nom de scène de Jesus, traduit un parcours vers la lumière, dont l'ascension des ruelles du quartier où vit Jesus vers les feux de la rampe est la métaphore. Si Paddy Breathnach insuffle de la poésie au récit, elle relève d'un naturalisme poétique, dans sa peinture d'une Havane hyperréaliste dont il capte un parfum envoûtant, captivant, sans jamais sombrer dans l'exotisme. Même chose pour les scènes de cabaret, dont il émane une chaleur, doublée d'une tendresse ineffable chez les drag-queens, tout comme dans l'enthousiasme de leurs prestations.

 

Mention spéciale décernée à Luis Alberto Garcia dans son rôle de Mama. Personnage pétri d'un don de soi à la ville, il dégage sur scène une puissance émotionnelle frissonnante. Un charisme renversant ; un grand acteur. Beau et fort en émotion, "Viva" communique une vitalité foisonnante avec un naturel de tous les instants, sans fard et sincérité, qui touche le cœur.

 

Culturebox

Paddy Breathnach se distingue par une filmographie très éclectique ; l’Irlandais s’est en effet essayé au drame avecAlisa (premier long en 1994), à la comédie avec Coup de Peigne en 2000 et au film d’horreur avec Shrooms en 2006. Mais il s’est surtout fait connaître du grand public au Festival de Cannes en 1997 où Irish Crime, polar noir avec Brendan Gleeson, avait été présenté en avant-première, avant de glaner quatre récompenses internationales. Aujourd’hui, Viva nous emmène à La Havane où habite Jesus, brillamment incarné par le prometteur Hector Medina Valdes. Vivant seul dans l’appartement de son père, le jeune adulte se débrouille tant bien que mal entre ses amis et sa grand-mère. Il est coiffeur de métier et s’occupe des perruques portées dans le cabaret tenu par Mama. Son établissement nocturne propose des spectacles de travestis. Jesus les admire en secret ; il souhaite lui aussi se produire sur scène. Lorsque son père refait surface après de longues années d’incarcération, ses projets se mettent brusquement entre parenthèses. Évidemment, Viva se place dans la lignée d’autres grandes œuvres sur le thème des drag-queens. On pense à l’inoubliable Priscilla, folle du désert, Extravagances, Talons aiguilles ou encore Pédale douce chez nous. Cependant, Paddy Breathnach apporte sa touche personnelle et son point de vue sur le sujet. On retrouve l’humour et le côté décalé propre à cet univers mais aussi un aspect tragique voire sordide. Viva mélange astucieusement les deux tonalités. Si le rêve, les paillettes et le glamour sont bien présents, les protagonistes évoluent dans des décors glauques et flirtent en permanence avec la misère.

 

Le cinéaste dresse une peinture sociale pertinente à travers les difficultés économiques que vivent les Cubains ; l’entraide et le système D font partie intégrante du quotidien à La Havane. La capitale constitue d’ailleurs un personnage à part entière. De jour comme de nuit, elle entraîne ces héros dans son tourbillon. De magnifiques images de la ville, bercées par une musique latine envoûtante, apportent aussi un réel atout esthétique. Viva doit sa belle réussite à son histoire forte où évoluent des personnages savoureux et attachants. Leurs dialogues percutants ne nous épargnent rien ; on se parle franchement et crûment. Les répliques naviguent ainsi entre drôlerie et profondeur. Paddy Breathnach dépeint également une relation tendue et forte entre Jesus et Angel, son père. Le scénario est habile, jouant sur les oppositions et les contrastes, notamment entre un père et son fils, entre l’univers idéal de la nuit et les difficultés du jour, entre les touristes et les habitants. Malgré quelques clichés et petites baisses de rythme, Viva arrive sans mal à emporter le spectateur grâce notamment à une intrigue riche et des comédiens convaincants. Le double voyage, à la fois à Cuba et dans le monde des travestis, garantit un dépaysement grisant.

 

cinechronicle.com

Entretien avec le réalisateur (en anglaise)

La BO du film

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