The Rocky Horror Picture Show

de Jim Sharman

A propos du film...

The Rocky Horror Picture Show est un film musical américain de Jim Sharman, sorti en 1975 et adapté de la comédie musicale de Richard O'Brien, The Rocky Horror Show créée à Londres en 1973

 

 

Interdit aux moins de 12 ans

 

Une nuit d'orage, la voiture de Janet et Brad, un couple coincé qui vient de se fiancer, tombe en panne. Obligés de se réfugier dans un mystérieux château, ils vont faire la rencontre de ses occupants pour le moins bizarres, qui se livrent à de bien étranges expériences.

 

Midnight Movies

Le midnight movie (ou film de minuit) est une catégorie de films à petits budgets diffusés tard le soir au cinéma dans les séances de minuit ou par les chaînes de télévision locales aux États-Unis à partir des années 1950. Ce phénomène de la diffusion à minuit de films décalés a démarré au début des années 70 dans les agglomérations urbaines telles que New York pour ensuite se propager dans tout le pays. Elle s'est poursuivie jusqu'en 1977.

 

En marge des productions hollywoodiennes (et ne pouvant donc pas bénéficier de gros budgets), ces films étranges, kitsch, provocants, défiaient les conventions de l'époque. La diffusion de films décalés à minuit avait pour finalité de développer une audience pour ces films, en encourageant les rediffusions multiples au sein d'une contre-culture. La diffusion s'appuyait beaucoup sur le bouche à oreille, les tentatives de mise dans le circuit traditionnel s'avérèrent d'ailleurs infructueuses. Certains de ces films sont aujourd'hui considérés comme cultes.

 

Le succès national du Rocky Horror Picture Show et les mutations de l'industrie cinématographique ont modifié la nature de ce phénomène et dans le contexte des changements culturels et politiques des années 80, il est devenu un exercice de style et s'est rapproché de sa forme télévisée qui porte le même nom. Le terme « midnight movie » est synonyme de film de série B, à petit budget de fin de soirée.

 

Wikipedia.fr

L'heure de Minuit

A minuit, la dernière heure, heure mystique s'il en est, plusieurs événements très différents prennent place: minuit est l'heure de la messe traditionnelle des catholiques la veille du vingt-cinq décembre où une grande célébration prend place pour fêter la naissance de Jésus. C'est aussi le moment, au réveillon de la Saint Silvestre, où l'on s'embrasse et l'on fête le passage à la nouvelle année, dans le calendrier chrétien. Dans la littérature, les contes et croyances populaires, minuit est le moment magique de l'irrationnel où les sabbats de sorcière, sortes d’assemblées nocturnes, prennent place, où les vampires s’éveillent, les loups garous s’animent, où Mr Jekyll laisse place à Mr Hide, et enfin, dans les romans policiers, c'est la traditionnelle heure du crime. C'est une heure qui fait fonctionner l'imaginaire collectif, qui suggère un affranchissement du domaine du rationnel, et donc du réel.

 

Cette folie inhérente à l'heure de minuit est le vecteur d'une culture underground, choisissant l'obscurité pour satisfaire les attentes d'un public avide de produits marginaux, allant à contre courant de la culture dominante ; parmi ceux là, des films à petits budgets, parfois dits « peu recommandables » devenus aujourd'hui des films culte grâce à leur diffusion à minuit dans les années 1970: les « Midnight Movies »

 

Extrait de l'introduction du mémoire de sémainaire de Camille Durand, 6 sept. 2010

"Les Midnight Movies: une « espèce » cinématographique disparue ?"

 

Les show des Midnight Movies

Film de série B, totalement culte pour certains ou nanar intersidérale pour d'autres, The Rocky Horror Picture Show fête ses 40 ans cette année, et je ne vais pas mentir, je ne l'ai jamais vu. Pas une question d'envie, au contraire, mais plutôt d'occasions manquées. Mais le culte autour de cette comédie musicale, mi-film de science-fiction, mi-film d'horreur, aux influences glam-rock et transgenres, me fascine depuis longtemps. Il faut dire, que malgré les critiques assassines lors de sa sortie en salles en 1975, le Dr Frank-N-Furter (Tim Curry), travesti de « Transexual, Transylvania », a toujours la cote et des fans dévoués partout dans le monde.

 

Pour preuve, le 9 août dernier, près de 2000 personnes se sont rassemblées au Damrosch Park du Lincoln Center à New York pour une projection un peu spéciale des aventures de Janet Weiss (Susan Sarandon) et de son fiancé Brad Majors (Barry Bostwick). Devant un écran géant, munis de casques audios individuels et lumineux, les spectateurs ont pu chanter et danser ensemble sur le légendaire Time Warp et jouer les Sweet Transvestite à la belle étoile.

A Paris, c'est le Studio Galande (5e) qui diffuse le film tous les vendredis et samedis soirs depuis plus de 30 ans. Je fonce voir si l'ambiance de ces projections tardives et animées est aussi folle qu'à NYC. On est le 14 août, date de la sortie officielle du film il y a tout juste 40 ans, ça ne s'invente pas.

Du riz et des cris

En arrivant devant le petit cinéma, j'espère tout de même ne pas être la seule à tenter la projection à 22 heures, sous une pluie battante. Et effectivement, le culte n'a que faire des intempéries et des vacances d'été puisque la file d'attente est déjà longue. Des spectateurs de tout âge et de toute origine, couples de touristes coréens et américains inclus, qui rient et discutent joyeusement en attendant de pouvoir entrer. « Pour les spectateurs du Rocky Horror Picture Show, merci de présenter vos sacs ouverts afin qu'on vérifie qu'il n'y a pas d'armes de destructions massives, d'alcool, de chibres ou de Charlie Hebdo à l'intérieur ! » hurle d'un coup, Nasser, le jeune projectionniste de 24 ans, sur le trottoir d'en face. Le ton est donné, le spectacle commencera donc dans la rue.

 

A l'intérieur, les comédiens en costumes de la troupe No Good Kids (qui animera la projection ce soir-là) nous accueillent à grands coups de blagues sous la ceinture – « c'est la première fois que vous venez ? Séb mets les deux vierges au troisième rang s'il te plaît et occupe toi bien d'elles ! ». Ambiance. La salle est quasi pleine, l'écran recouvert d'une toile protectrice, ça promet. Quelques recommandations de la troupe avant de débuter la projection : se munir de riz, d'eau et d'un journal pour les scènes de mariages et d'orage du film (cruciales), hurler très fort « Picture show ! »  dès qu'on entend « Rocky Horror », « asshole ! » lorsqu'on entend Brad se présenter,  et « slut ! » lorsqu'il présente Janet (je vous laisse deviner les traductions). Et le plus important ne pas hésiter à chanter et danser le fameux “Time Warp” (chanson phare du film dont on nous apprend les rudiments de chorégraphie).

Kitsch, folie et décadence

C'est parti : les grandes lèvres rouges sur fond noir envahissent l'écran et une partie de la salle reprend déjà en coeur les paroles du Science Fiction Double Feature qui ouvre le film de Jim Sharman. Brad and Janet, deux jeunes coincés bien sous tous rapports, viennent de se fiancer et se perdent en voiture en pleine nuit avant qu'un pneu crevé ne les oblige à demander de l'aide chez le propriétaire d'un manoir voisin. Le château du Dr. Frank-N-Furter, sorte de Dr. Frankestein en corset-guêpière et compensés 70's, obsédé sexuel notoire ; et ses acolytes déjantés de Transylvanie, Riff Raff, Magenta et Columbia. Autant le dire, le film ne brille pas particulièrement par son intrigue mais le kitsch, le mauvais goût poussé à l'extrême et l'ambiance sont définitivement là et la magie opère.

 

Les spectateurs se lâchent. En tout presque deux heures de bataille de riz apocalyptique, de douche froide, de danses endiablées, de blagues salaces et politiques, de parties de jambes en l'air simulées avec le public (consentant), bref un pur moment de délire total. Alors oui, l'esthétique est ringarde, l'intrigue et le jeu de certains acteurs totalement inispide (Susan Sarandon et Barry Bostwick en tête), et le personnage de Frank était (ce soir-là) interprété par une fille de la troupe, mais je ressors de la projection trempée, du riz plein les vêtements, de la musique plein les oreilles, subjuguée par tant de folie et décadence.

“C'est totalement “what the fuck”, ça fait vraiment du bien !”

Et visiblement, je ne suis pas la seule : « C'est la quatrième fois que je viens, j'adore cette ambiance, c'est du grand délire à chaque fois ! C'est complètement culte » me confie Johanna, 24 ans en sortant du cinéma. Elle ajoute : « Je l'ai fait découvrir à plusieurs amis déjà, c'est totalement indescriptible comme soirée. Ça a beaucoup évolué depuis la première fois où je suis venue il y a 7 ans. De plus en plus de gens adhèrent, viennent avec plus d'accessoires, c'est incroyable ! ». Même son de cloche chez Arnaud, 26 ans, qui l'accompagne : « Je ne m'attendais pas du tout à ça, c'est totalement “what the fuck”, il n'y pas d'autre expression possible, ça fait vraiment du bien ! ».

 

Devant tant d'entousiasme, pas étonnant que la salle ne désemplisse pas depuis près de 35 ans : « Les gens viennent de tous les endroits du monde pour voir ça, et à tout âge, et on n'a jamais fait de pub, c'est un vrai phénomène » me confie Nasser, projectionniste au Studio Galande.

 

Phénomène de foire ou véritable film culte, j'ai découvert un univers drôle et loufoque, freak show complètement libéré et assez avant-gardiste pour l'époque. Quarante ans que ça dure : ce navet de série B déchaîne toujours autant les foules, de New York à Paris. Surtout, je retiendrais une performance, une voix, celle de Tim Curry, acteur de second rôle notoire dans des films qu'on oubliera facilement (Home alone, La Famille Adams). Il est un Frank-N-Furter incroyable, fier, sexy et transgressif à souhait. Si c'est ça le mauvais goût, et bien je signe tout de suite.

Y aller :

The Rocky Horror Picture Show, tous les vendredis et samedis à 22h, Studio Galande, 42 rue Galande, 5e, studiogalande.wordpress.com, 10€.

Le fossoyeur de films - Les Midnight Movies

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