Mandarines

de Zaza Urushadze

Synopsis

En 1990, la guerre fait rage en Abkhazie. Un village ne compte comme seuls habitants qu'un vieil homme, Ivo, et un producteur de mandarines, Markus - tous deux d'origine estonienne -, qui refuse de quitter sa plantation alors que les fruits sont presque mûrs.

Critiques

Ce film, nominé aux Oscars, est une analyse intelligente et touchante de la guerre

 

La coproduction entre la Géorgie et l'Estonie pour Mandarines, de Zaza Urushadze, en a surpris plus d’un par le succès considérable qu'elle a remporté sur le circuit international. Il est vrai qu'à y regarder de plus près, ses thèmes sont universels, les performances de ses acteurs marquantes et sa mise en scène puissante. 

 

En 1991, au plus fort du conflit entre la Géorgie et la république contestée d’Abkhazie, Ivo (Lembit Ulfsak) et Margus (Elmo Nüganen) sont parmi les derniers de leur petite communauté estonienne à vouloir quitter leur village, malgré le conflit qui les menace. Quand celui-ci arrive à leur porte, laissant des soldats blessés dans son sillage, Ivo décide de les accueillir, bien qu'ils se battent dans le camp adverse. Tandis qu’il les soigne, Ivo va découvrir les cicatrices de la guerre et les hommes derrière les uniformes. La paix est-elle envisageable ? 

 

Le motif des “deux ennemis forcés de se supporter” est assez banal dans les films de guerre, de sorte que c’est tout à l’honneur du film que d’arriver à éviter les clichés lorsqu’il aborde les notions d’honneur, de nationalisme et de désir de défendre sa patrie. Bien qu'une unité de lieu ait été respectée, le directeur de la photographie Rein Kotov est parvenu à éviter que le film paraisse trop théâtral et à créer un univers représentant un idylle rural soudain entravé par la guerre. Le film doit aussi beaucoup aux performances frappantes et au charisme des acteurs, notamment celui du légendaire acteur estonien Ulfsak, paternel et sévère. L'ensemble est une œuvre touchante qui arrive, même chez les habitués du genre film de guerre, à créer une certaine tension. 

 

Bien que le film soit sorti sur les écrans nationaux en 2013 (en grande pompe, remportant de nombreux prix nationaux et internationaux), son récent succès au Golden Globes et sa nomination aux Oscars devrait relancer l’intérêt des festivals et des distributeurs.

 

Cineuropa par Laurence Boyce

La lisibilité d’une fable

 

Deux vieilles mains, filmées de près, guident le bois clair vers la lame pour fabriquer dans le ronron de la machine des planchettes qui, une fois assemblées, formeront des cagettes, celles que l’on utilise pour transporter des fruits. Cela pourrait être une scène universelle et presque intemporelle, si le réalisateur Zaza Urushadze ne venait pas casser rapidement son image d’Epinal en la laissant envahir d’un son incongru : des coups de feu. Dès lors, le geste familier devient paradoxal : nous sommes en 1992, en temps de guerre, dans un village d’Abkhazie déserté par la population; et ce qui est incongru, déconcertant, absurde, ce ne sont pas les coups de feu, mais la présence de ce vieil homme, Ivo, occupé à fabriquer des caisses de mandarines à deux pas de là.

 

Construit dans cette opposition entre intemporalité tranquille du rituel et de la nature et tableau circonstancié, bien qu’à l’arrière, d’un conflit territorial sanglant, le film de Zaza Urushadze s’offre avec la lisibilité d’une fable : les plans rêveurs des arbres ployant sous le poids des fruits (la nature, plus entêtée encore qu’Ivo, s’est appliquée à fournir cette année une récolte exceptionnelle) disent plus efficacement que tous les vieux sages la confondante absurdité qu’il y a à se faire la guerre au nom d’une terre qui ne s’offre qu’à ceux qui la cultivent. La terre n’est qu’un prétexte. Les soldats venus réclamer à manger chez Ivo ne prendront pas le temps d’aller chercher des mandarines chez son voisin Markus : ils passent sans le savoir à côté du seul trésor que le film montrera comme tel.

La lisibilité n’exclut cependant pas la nuance, que Zaza Urushadze travaille à bon escient. L’utopie communautaire fugace qu’il construit autour de la rencontre fortuite des soldats et des travailleurs attardés à leur tâche ne se cache pas de ses beaux et bons sentiments, et les sert intelligemment, sans forcer. Les scènes sont bien écrites, les acteurs jouent juste. La mise en scène seule, revenant trop volontiers aux mêmes trucs, abusant du traveling, manque un peu de vigueur : on l’aimerait capable de faire passer jusqu’en France l’urgence que l’on devine à peine derrière ce récit au passé proche, entièrement engagé à dire l’espoir de lendemains meilleurs.

 

Le Monde par Noémie Luciani

 

Zaza Urushadze, Lembit Ulfsak, Ivo Felt

Point géopolitique

La République d’Abkhazie dispose d’une superficie d’environ 8600 Km². C’est donc un Etat minuscule. Pour être plus précis, il est situé à l’extrême ouest de la Géorgie, sur la côte Nord de la Mer Noire, On peut donc en conclure que c’est une position géographique très stratégique et très favorable puisque cette proximité des côtes lui permet une ouverture commerciale maritime considérable ; et son climat subtropical humide, fait du pays un point de passage idéal pour les touristes Russes.

 

Après la chute de l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques ( URSS ) en 1991, l’Abkhazie proclame son indépendance, sans grand succès, et rentre par la suite en conflit direct avec la Géorgie qui ne souhaite lui accorder qu’une simple autonomie partielle. Le manque de reconnaissance diplomatique a poussé le jeune «État» dans les bras de la Russie qui, le 25 août 2008, reconnaît son indépendance.

 

 

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