Mai morire

de Enrique Rivero (II)

Synopsis

Chayo est de retour dans sa ville natale pour s'occuper de sa mère âgée et malade. Malgré la beauté sublime de ce lieu, elle doit toutefois faire face aux anciens démons de son existence. Ce sera le prix de sa liberté.

Dossier de presse

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Critiques

Mexique. Une femme prend la route de son village natal afin de s'occuper de sa mère, centenaire. Le film débute à bord d'une barque remontant lentement un fleuve, dans la scansion des clapotis soulevés par une rame. D'où une immersion instantanée du spectateur. Mai morire (« Ne jamais mourir ») est une réussite formelle, une lumineuse invitation à la contemplation. Le réalisateur, Enrique Rivero, privilégie les longs plans-séquences, où ses personnages évoluent sur fond de paysages somptueux, vierges, d'une beauté à couper le souffle.

 

C'est le lieu du tournage, Xochimilco, qui donne au film son rythme et son ­atmosphère précolombienne, avec, étrangement, des airs de campagne anglaise. Enrique Rivero a le talent d'un grand peintre et ses ciels gris, tranchés par la verdure, renvoient aux tonalités d'un John Constable. Mai morire est une oeuvre économe en dialogues. On se croirait presque devant un film muet, parabole sur les liens secrets qui unissent les vivants et les morts, la nature et le temps.

Télérama — Pierre-Julien Marest

Si le monde était bien fait et si le cinéma jouissait d’une considération similaire à la poésie, à la littérature ou aux arts plastiques, ce type de film serait monnaie courante, et on étudierait minutieusement ses composantes et plus infimes détails.

 

Tout ceci pour dire que l’œil distrait d’un zappeur impénitent ou d’un cinéphage confondra ce film avec un pensum social, en mode traditionaliste. En dépeignant la vie paisible d’une modeste famille mexicaine dans un cadre lacustre ou fluvial, Enrique Rivero compose certes des tableaux parfaits, mais il cherche aussi à enregistrer, voire à percer le mystère de la mort. Le récit tourne autour de la lente agonie d’une grand-mère de 99 ans, contre laquelle sa petite-fille reste impuissante malgré ses efforts.

 

Une grâce insondable

 

L’essentiel, ce sont des petits riens liés à l’au-delà, à l’invisible et à la magie. Ce beau film capte l’indicible en teintant son naturalisme d’onirisme avec quelques plans insolites, ou avec des signes mystérieux et récurrents, comme un trou de plafond semblable à une calligraphie – étrangement reproduite ensuite sur une médaille. Un rébus filmique d’une grâce insondable.

Les Inroks

«MAI MORIRE», ÉLOGE DE LA LENTEUR

 

Après le remarqué Parque vía, récompensé d’un léopard d’or en 2008 à Locarno, le deuxième long métrage d’Enrique Rivero nous arrive cinq ans après avoir été présenté au festival des Trois Continents à Nantes, et alors qu’il en a déjà terminé un troisième. Il nous emmène dans les canaux et les jardins suspendus de Xochimilco, où une femme, Chayo, revient pour veiller sur sa mère mourante tout en préparant la fête de son centenaire. On pourrait redouter un pénible mélange de film d’agonie et de word cinema, mais les écueils sont vite contournés : dans ces lieux d’une étrange beauté, la mort n’est pas que funèbre. Elle est même sereinement attendue par la vieille femme qui la considère comme «juste un pas nécessaire».

 

Le film est d’une lenteur sans complaisance qui nous fait ressentir combien au milieu de ces paysages humides et brumeux «le temps s’écoule différemment», comme le dit Chayo à deux reprises (une fois aurait suffi, mais c’est un défaut du film que d’avoir des dialogues trop explicatifs - heureusement, ils sont rares). Cette temporalité ne se résume pas à la durée des plans, elle induit un rapport ancestral à la nature, aux gestes mais aussi un attachement à d’autres dimensions que le seul présent : la religion, les croyances animistes, les rêves (qui créent d’étonnantes ruptures de ton). Le réalisateur dit que Xochimilco ressemble à «ce que Mexico fut à l’époque pré-colombienne», et cette mémoire aztèque est inscrite jusque dans les visages sculpturaux des acteurs amateurs.

 

La part lyrique de Mai morire est contenue dans la somptuosité des paysages et des ciels, filmés en cinémascope. Rivero y fait preuve d’une grande attention à la lumière, de jour comme de nuit, avec une prédilection pour les fins d’après-midi, lorsqu’un soleil bas provoque des contre-jours et des rayonnements intempestifs. Loin de la carte postale, la nature vaporeuse et la lumière solaire sont ici en perpétuel mouvement, saisies dans leurs moindres variations. C’est pourquoi, malgré la lenteur des gestes, l’omniprésence de la mort et la pesanteur des origines, le film ne se fige jamais.

 

Libération - Marcos Uzal

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