Les délices de Tokyo

Synopsis

Les dorayakis sont des pâtisseries traditionnelles japonaises qui se composent de deux pancakes fourrés de pâte de haricots rouges confits, "AN". Tokue, une femme de 70 ans, va tenter de convaincre Sentaro, le vendeur de dorayakis, de l'embaucher. Tokue a le secret d'une recette exquise et la petite échoppe devient un endroit incontournable...

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Critiques

Après le splendide Still the water, Naomi Kawase a fait son retour à Cannes avec les honneurs de l’ouverture de la section Un Certain Regard. Adapté d’un roman de Durian Sukegawa, AN est un très joli conte qui marque à la fois une continuité et une rupture dans son œuvre, puisque ses thèmes de prédilection (dont la communion entre l’homme et la nature) et son style contemplatif sont ici mêlés à une touche d’émotion qui devrait élargir son public. On est même surpris par la limpidité et la linéarité du scénario chez une artiste qui avait parfois joué la carte de l’ésotérisme dans des œuvres de la dimension de Shara ou Hanezu. Le récit relate avec finesse les relations entre trois personnages plus ou moins meurtris par l’existence. Sentaro est un homme divorcé qui vit de la vente de doyarakis : ce sont des pâtisseries traditionnelles japonaises composées de deux pancakes fourrés de pâte de haricots rouges, « AN ». Un secret lié à son passé semble le tourmenter. Wakana est une lycéenne sensible et curieuse, qui rêve d’horizons lointains. Tokue est au crépuscule de sa vie. Elle propose à Sentaro de l’aider dans la préparation des doroyakis, dont elle connaît la recette avec précision. La petite échoppe devient vite un endroit incontournable... Le début du récit, traité parfois sur un mode à la fois léger et mélancolique, pourrait laisser croire que Kawase perd son âme en s’accrochant à l’archétype d’un certain « film de festival ».

 

Ce sentiment est renforcé lorsque les gros plans sur la pâte qui cuit ou les haricots que l’on déverse font songer à un cinéma de l’art culinaire, celui qui a concocté des films touchants mais fortement consensuels, du Festin de Babette à The lunchbox. On se dit que Naomi Kawase veut enfin son gros succès populaire, elle dont l’audience n’a pas dépassé celle d’un cinéma d’auteur confidentiel. Et l’on a tort, car AN est en fin de compte intransigeant dans ses exigences esthétiques, ce qui est particulièrement marquant dans la seconde partie de la narration. Une subtile réflexion sur la maladie, la mort et la culpabilité imprègne alors un film en perpétuel état de grâce, et dont la beauté culmine avec des prises de vue effectuées dans la forêt d’un sanatorium, près de Tokyo. Kawase suggère par ailleurs une surprenante mise en abyme, l’approche documentaire faisant presque irruption dans le dernier tiers du film. La réussite de AN doit également beaucoup à ses interprètes. Kirin Kiki, qui incarne aussi la grand-tante dans Notre petite sœur, dégage ne poignante sensibilité. Face à elle, Masatoshi Nagase, qui fut le jeune voyageur de Mystery Train, est davantage en intériorité, et fait ressentir avec nuances les failles de son personnage.

 

avoir-alire.com

On dirait un conte. Dans un jardin public de Tokyo, un homme un peu triste vendait sans succès ses dorayakis, des gâteaux fourrés à la pâte de haricots rouges. Survint une vieille dame qui proposa de faire cuire les haricots à sa façon. Et les dorayakis se vendirent comme des petits pains. Jusqu'au jour où les mains rougies et déformées de cette vieille dame, nommée Tokue, attirèrent l'attention des clients, qui se mirent à la regarder comme une sorcière...

Cette adaptation d'un roman de Durian Sukegawa ouvre un univers d'étonnants contrastes. Il y a la douceur presque sucrée de Tokue, tendre comme ses gâteaux. Mais aussi la ­douleur secrète qu'elle porte en elle et qui fait resurgir un passé tabou : l'époque où le Japon condamnait à l'enfermement les malades de la lèpre. Chaque existence est faite de blessures. Le vendeur de dorayakis en cache, lui aussi, plus banales, mais non moins lourdes à porter.

Tout en menant ce récit avec simplicité et candeur, Naomi Kawase (Still the water) ne cesse d'y chercher matière à une élévation. Elle reste ainsi ­fidèle à l'élan de spiritualité qui parcourt son cinéma, mais trouve, à tra­vers le personnage de Tokue, une ­manière plus émouvante d'exprimer sa foi en des forces invisibles présentes dans notre monde quotidien. La spécialiste des dorayakis n'a pas son pareil pour recommander d'écouter ce que racontent les haricots rouges ou les feuilles de cerisier. Elle ouvre un chemin vers la grâce et la possibilité de surmonter les épreuves. Et Naomi Kawase nous fait, avec ferveur, passer d'une recette de cuisine à une leçon de vie.

 

Télérama / par Frédéric Strauss

 

 

An

 

Le dernier film de Naomi Kawase ne déroge pas à l’obsession presque unique qui parcourt sa filmographie. Une fois n’est pas coutume, Les Délices de Tokyo organise une rencontre qui permettra à ses personnages de tourner une page : Sentaro, un vendeur de dorayaki (petits gâteaux japonais à la pâte de haricots rouges) dépressif, va retrouver goût à la cuisine après avoir engagé Tokue, une vieille femme pleine de vie. Empruntant à nouveau la voie du deuil (Shara, La Forêt de Mogari, Still the Water…), Kawase prend le risque de faire basculer sa monomanie en une incapacité à se renouveler (comme nous le soulignions ici lors de la sortie cannoise du film). Mais elle semble par ailleurs délestée de la gravité parfois indigeste qui pouvait peser sur ses films jusque là.

 

 

Le poids du style

 

Il y a des choses qui ne changent pas. Le film s’ouvre et se referme sur des cerisiers en fleurs ; il est rythmé (comme les précédents films de Kawase) par des montages de soleil à travers les feuilles des arbres, de ciels sur la ville, de lunes et d’histoire des haricots, bercés par la voix de Tokue et ses élans de sagesse à l’attention de Sentaro : « Nous sommes nés pour regarder et écouter ce monde. Alors même sans réussir sa vie, on peut y trouver un sens. » L’absolu contemplatif de Kawase est toujours là, fidèle à lui-même. Mais d’une certaine manière il s’est un peu calmé. Il se résume presque désormais à ces montages, qui ne font plus que ponctuer Les Délices de Tokyo, alors qu’il semblait jusqu’ici peser à outrance parfois jusque sur le moindre dialogue. À tout vouloir charger du poids de la sacralité, la réalisatrice manquait parfois à son objectif. Dans Les Délices de Tokyo, la rareté de ces moments leur confère d’autant plus d’importance. Le reste n’est évidemment pas exempt de défauts. Noué au scénario comme rarement chez la cinéaste, le film tombe même dans la maladresse : lorsqu’il fait par exemple intervenir le personnage caricatural de la propriétaire du magasin de dorayaki demandant à Sentaro de renvoyer Tokue parce qu’elle est lépreuse ; ou encore à la fin pour le déloger définitivement. Mais cette nouvelle confrontation au scénario est peut-être un passage obligé pour une cinéaste qui paraît souvent trop enfermée dans son style.

 

Légèreté

 

On retiendra par ailleurs que contre la longueur habituelle de ses plans, le découpage beaucoup plus prononcé et le montage beaucoup plus rapide des Délices de Tokyo lui permettent d’acquérir une légèreté rarement perceptible jusqu’ici. On retrouve cette liberté dans le choix de son sujet, la cuisine, qui permet à Kawase de se libérer d’un trop-plein de gravité. La préparation des haricots par Tokue est d’ailleurs une des plus belles scènes du film. On y retrouve toute l’attention précieuse de Kawase ; mais à la pesanteur habituelle, généralement celle de la nostalgie, c’est désormais une joie frémissante qui prédomine. L’histoire de Tokue est également traitée avec une douceur qui surprend. Cette lépreuse que l’on a mise au ban dans un institut spécialisé rêve encore de réintégrer la société. On imagine facilement que Kawase aurait pu aborder ceci sous le signe du trauma profond. Mais Les Délices de Tokyo est son film le plus apaisé.

 

Critikat / par par Quentin Le Goff

RECETTE DES DORAYAKIS !

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Rencontre avec Naomi Kawase

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