Every thing will be fine

Critiques

Bonne nouvelle : Wim Wenders est de retour. Après plusieurs années d’errance cinématographique, le réalisateur de L’Ami américain et deParis, Texas nous revient avec un beau film intitulé Every Thing Will Be Fine. « Every Thing » en deux mots, renvoyant aux mots du philosophe Bela Balazs : « Le cinéma peut garantir l’existence de toute chose. »

Ce « toute chose », il faudra deux heures pour en comprendre le sens. Aller au plus près de la question de la créativité fictionnelle ; interroger la culpabilité qui est au cœur de toute œuvre d’un écrivain ou d’un cinéaste qui exploite le « réel » ; découvrir qui est Tomas, le personnage central de ce film interprété par James Franco.

C’est un écrivain en mal d’inspiration, ce pourrait être aussi Wim Wenders. Dans un petit village du Grand Nord canadien, sur une route enneigée, il percute violemment un jeune garçon qui traversait la route après s’être disputé avec sa compagne.


Film en 3D

La catastrophe absolue – de celle dont on ne se remet pas, à moins d’être écrivain, justement ; à moins d’utiliser dans son propre travail les souffrances d’autrui pour les transformer en roman. En a-t-on le droit, se demande Wenders ? Quelle responsabilité entraîne l’appropriation de l’expérience d’autrui?


Ce soir-là, Tomas ne sait pas encore qu’il sera bientôt confronté à ces questions essentielles. Pour l’heure, accompagné du frère du jeune garçon accidenté, il court prévenir Kate, la mère des enfants (Charlotte Gainsbourg). A mesure qu’il se débat dans d’inextricables problèmes de cœur, quittant Sara (Rachel McAdams) pour Ann (Marie-Josée Crozes) avec qui il tente de fonder une famille, Tomas renaît à l’écriture.

Le film est en 3D, ce qui a son importance. Wim Wenders qui, il y a vingt-cinq ans, disait que l’inflation d’images qui se déverse sur nous est« l’une des plus graves maladies de notre civilisation et l’une des plus lourdes de conséquences », semble faire à nouveau confiance à l’esthétique. S’inspirant de peintres comme Andrew Wyeth ou Edward Hopper, il opère un magnifique retour à la lumière et au plan.


Sensation d’étrangeté

Comme si Wenders voulait nous faire comprendre que ce que nous voyons sur l’écran n’est que le reflet d’une réalité que le cinéma n’arrive pas entièrement à appréhender, il filme souvent à travers les vitres, ce qui, ajouté aux effets de relief, suscite une sensation d’étrangeté.


Apparemment, le processus de création littéraire enclenché par Tomas échappe à toute forme de rationalité. Qui naît de quoi ? Est-ce le film des splendides paysages canadiens ? Le roman de l’accident ? Ou bien n’est-ce pas Kate, cette femme farouche et solitaire magnifiquement interprétée par Charlotte Gainsbourg, qui est, en définitive, le détonateur de l’un et de l’autre, le film et le roman ? Après la publication d’un premier roman, Tomas retourne sur les lieux du drame, il y retrouve Kate, qui lui propose de marcher un peu avec elle.

Et puis arrivera un autre livre. Winter. Avec Ann et sa fille, Mina, Tomas se retrouvera dans une fête foraine le temps de quelques séquences époustouflantes dignes d’un Alfred Hitchcock. Le tout débouchera sur un épilogue aussi poignant qu’inattendu. Wenders a retrouvé le chemin des sommets.

Le Monde / par Franck Nouchi

Entretien avec le réalisateur

Rencontre avec Wim Wenders

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