Cinéma Paradiso

de Giuseppe Tornatore - 1989 - Film du Patrimoine - Comédie dra

Synopsis

Alfredo vient de mourir. Pour Salvatore, cinéaste en vogue, c'est tout un pan de son passé qui s'écroule. On l’appelait Toto a l'époque. Il partageait son temps libre entre l'office où il était enfant de chœur et la salle de cinéma paroissiale, en particulier la cabine de projection où régnait Alfredo...

Le réalisateur

Giuseppe Tornatore est un scénariste et réalisateur italien, né en 1956 à Bagheria, en Sicile.


Son premier succès audiovisuel est un documentaire sur Les Minorités ethniques en Sicile (Le minoranze etniche in Sicilia) qui est couronné d'un prix au Festival de Salerne puis il réalise, pour la RAI, Diario di Guttuso (Journal de Guttuso). Il travaille encore pendant une brève période avec la chaîne nationale, pour le compte de laquelle il s'occupe de quelques programmes.

Enfin, en 1984, il collabore avec Giuseppe Ferrara pour Cent Jours à Palerme (Cento giorni a Palermo) dont il est coscénariste et assistant-réalisateur.


Sa rencontre avec le célèbre producteur Franco Cristaldi en 1989 va donner naissance à ce qui est considéré comme le chef-d'œuvre de Tornatore : Cinema Paradiso (Nuovo cinema Paradiso). Après quelques imprévus dont plusieurs revirements sur la durée du film, il est sélectionné au Festival de Cannes 1989 où il se voit décerner le Grand prix du jury. À sa sortie, le film est plébiscité tant par la critique que par le public. Il obtient l'Oscar du meilleur film étranger et le réalisateur acquiert ainsi une notoriété internationale vis-à-vis de laquelle il s'appliquera d'ailleurs à conserver un détachement prudent.


En 1990, il tourne Ils vont tous bien ! (Stanno tutti bene) qui raconte le voyage d'un père sicilien à la recherche de ses cinq enfants éparpillés dans toute l'Italie, interprété par Marcello Mastroianni dont c'est l'un des derniers rôles.

En 1991, il collabore au film collectif Le Dimanche de préférence (La domenica specialmente) avec Francesco Barilli, Giuseppe Bertolucci et Marco Tullio Giordana, avec le segment Le Chien bleu (Il cane blu).

En 1994, il tourne Une pure formalité (Una pura formalità), qui concourt à la Palme d'or au 47e Festival de Cannes. Ce film marque un tournant dans la carrière du réalisateur qui change radicalement de style. Il réunit deux stars internationales : Roman Polanski dans un rôle d'acteur et Gérard Depardieu.


Il réalise, en 1995, un documentaire, Lo schermo a tre punte (L'Écran à trois pointes) dans lequel il raconte « sa » Sicile (allusion à sa forme triangulaire).

Toujours en 1995, il dirige Marchand de rêves (L'Uomo delle stelle), avec Sergio Castellitto dans le rôle pour le moins singulier de « voleur de rêves ». Le film gagne le David di Donatello et le Ruban d'argent pour la meilleure mise en scène et un prix à la Mostra de Venise.


Séduit par le monologue théâtral d'Alessandro Baricco, Novecento (Vingtième siècle) monté en 1994, il songe à en faire une adaptation cinématographique. Après une longue gestation, La Légende du pianiste sur l'océan (La Leggenda del pianista sull'oceano) voit le jour en 1998, avec l'acteur britannique Tim Roth et une bande originale signée d'Ennio Morricone. Giuseppe Tornatore décroche encore à cette occasion le David di Donatello et le Ruban d'argent pour la mise en scène et pour le scénario.


Le film Malèna sort en 2000, coproduction italo-américaine avec Monica Bellucci, et, à nouveau, une bande originale de Morricone.


(source:Wikipedia)




Les critiques du film

"Le scénario de Tornatore est un tire-larmes délicieux et très efficace, plein de rire, d'émotion, de ficelles au service d'une juste cause, celle du cinéma."


Michel Braudeau - Le Monde - 24/05/1989


L’histoire commence en 1954. Dans les cinémas de l’époque, le spectacle débutait dès l’entrée dans la salle. Lors de ces projections, on y chahutait souvent, flirtait parfois, au son du projecteur à charbon posé au fond de la salle et l’image se frayait un chemin entre quelques épaisses volutes de cigarettes. Ces salles immenses étaient les temples d’une religion contemporaine, les dieux étaient les stars et les films, l’ambroisie des mortels, jeunes et vieux de tous horizons. Cinema Paradiso est l’adaptation parfaite de la citation d’Edgar Morin que l’on retrouve dans son livre Le Cinéma ou l’homme imaginaire paru en 1958 : « Quand les prestiges de l’ombre et du double fusionnent sur un écran blanc dans une salle nocturne, pour le spectateur enfoncé dans son alvéole, monade fermée à tout sauf à l’écran, enveloppé dans le double placenta d’une communauté anonyme de l’obscurité, quand les canaux de l’action sont bouchés, alors s’ouvrent les écluses du mythe, du rêve, de la magie.»


C’était le temps des cinémas paroissiaux où s’exerçait alors la censure. Cinema Paradiso, la salle de ce village de Sicile est de ceux-là : nous y retrouvons Alfredo (Philippe Noiret), le projectionniste passionné qui y officie. Chargé par la paroisse de ne pas dévoiler au public certaines scènes, il devait « charcuter » toutes les séquences que les bien-pensants trouvaient trop osées : un baiser déjà était une atteinte à la pudeur. Dans son giron traîne un jeune garçon, Toto le cinéphile en goguette, qui en échange de son aide pour les examens (Alfredo est alors illettré et entreprend de reprendre ses études) devient l’assistant du projectionniste. Une forte amitié les unit, une relation presque filiale guidée par la même passion des images animées.

On suit donc la vie de Salvatore (Toto) à toutes les étapes de son existence. De ses premiers béguins adolescents dans son village natal (personnage à part entière dans le film que nous voyons évoluer en même temps que la salle de cinéma) à sa vie d’adulte, celle d’un cinéaste reconnu revenu de Rome pour assister aux obsèques de son ami de toujours. La narration navigue d’époque en époque avec virtuosité, bercée par la bande-originale du génie Ennio Morricone et de ses thèmes devenus aujourd’hui cultes. Véritable hymne à l’amitié et à l’amour du cinéma, le film de Giuseppe Tornatore est une madeleine dont on se délecte toujours avec le même émerveillement. Il peut parfois nous paraître suranné mais son traitement romanesque touche souvent en plein cœur, flirtant toujours sur la corde sensible. Lors d’un immense incendie qui ravagea le cinéma, Alfredo fût sauvé des flammes par Toto. Les yeux brûlés, Alfredo devint aveugle et Salvatore reprit les rênes du cinéma qu’un riche mécène avait entreprit de reconstruire : il prit alors le nom de Nuovo Cinema Paradiso. Désormais dans les mains d’un privé, la censure prit fin et les spectateurs purent enfin découvrir les films dans leur intégrité. C’est à cette époque que Salvatore noua une idylle avec Elena, fille d’une famille bourgeoise par qui il était rejeté, étant issu d’un milieu beaucoup plus modeste. Sur les conseils d’Alfredo, Toto va décider d’abandonner son village sicilien pour rejoindre la capitale italienne dans laquelle il s’exilera pendant plus de trente ans. Son retour pour les obsèques d’Alfredo (Salvatore prend alors les traits du comédien Jacques Perrin) va lui permettre de renouer avec son passé, de se remémorer sa jeunesse insouciante et son amour impossible. Ces souvenirs impérissables sont justement ceux qui ont construit sa personnalité. Ils reviennent avec force lorsque Salvatore découvre que le cinéma a fermé ses portes, racheté par la ville pour devenir un parking. Ces dernières années, le cinéma proposait des films érotiques ou de kung-fu, devenu digne pourfendeur d’un cinéma dit d’exploitation. Le projet de transformation de la salle en parking est la conséquence de l’effritement de l’intérêt pour la salle de cinéma, provoqué par l’arrivée des loisirs, de la télévision et de l’automobile. Salvatore n’a pas oublié Elena qu’il semble reconnaître au détour d’une ruelle et qu’il se décide à retrouver...


Cinema Paradiso nous conte une époque dont peu se souviennent encore, évoquée avec une certaine mélancolie et tendresse. Le cinéma était alors un loisir peu cher et rassemblait en son enceinte la foule des grands jours autour des westerns et des comédies musicales à succès. Cinema Paradiso suit le parcours intime de Salvatore autant que l’évocation de l’histoire du cinéma et de la place de la salle dans la cité. La dernière séquence du film est anthologique et résume à elle seule l’ambition de Giuseppe Tornatore. Alfredo, juste avant sa mort, a mis de côté une bobine de pellicule pour Salvatore. Celui-ci, revenu à Rome, visionne les images laissées par son ami.

Il y découvre un bout-à-bout de toutes les séquences interdites qu’Alfredo a consciencieusement collées les unes après les autres. Ces baisers, qui parcourent un pan de l’histoire du cinéma, sont à la fois l’ultime marque d’amitié d’Alfredo pour son jeune ami devenu adulte et l’image parfaite de l’immortalité du cinéma. Des réminiscences qui se rappellent à tous les spectateurs que nous sommes, marqués à tout jamais par les films qui nous ont émus et touchés. Sans doute l’un des plus beaux hommages à la magie du cinéma et qui est devenu depuis sa sortie le film de chevet de tous les amoureux de la salle. Il existe plusieurs versions du film de Tornatore. L’originale de 173 minutes a souffert d’une classification défavorable lors de sa présentation au comité de censure italien en 1989. Cette version longue dévoilait davantage la dernière partie du film lorsque Alfredo retrouve son amour de jeunesse Elena (interprétée par Brigitte Fossey). Lors de sa sortie en Italie (et pour éviter une classification néfaste pour l’exploitation), Tornatore abrégea le film de 18 minutes. L’exploitation italienne fût un échec commercial, c’est pourquoi la version internationale fût encore écourtée pour atteindre une durée de 124 minutes. La version choisie par le distributeur français Les Acacias pour la ressortie du film le 10 juin 2015 est cette dernière. La version Director’s Cut souffre en effet de quelques longueurs (certes parfois éclairantes pour expliquer la toute dernière séquence) mais qui dessert le rythme déjà langoureux du film.

Oublié l’échec italien, Cinema Paradiso s’est classé en France en 1989 en 11e position annuelle, avec deux millions d’entrées. Un score spectaculaire alors que l’exploitation nationale connaissait une crise provoquant la fermeture définitive de centaines de salles indépendantes.


GUILLAUME LOURADOUR - aVoiraLire.com


Entretien avec Tornatore

lors de la restauration de "Cinéma Paradiso"

La bande originale

de Ennio Morricone

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